Page 156

XVII-4 Cover FR final_Cover

PORTFOLIO Voyage exotique : Clichés de membres de l’Explorers Club La période qui s’étend des années 1870 jusqu’à l’éclatement 154 de la Première Guerre mondiale en 1914 est connue sous le nom de « Gilded Age » aux États-Unis et de « Belle Époque » en Europe. Ces années dynamiques furent placées sous le signe de la créativité et de l’innovation, dans des secteurs divers allant de la médecine à la science, en passant par les arts et l’architecture. Ce fut également le moment de l’exploration de la géographie terrestre et des cultures non occidentales. Le temps était au voyage à travers le monde, toujours synonyme d’aventure. Hans Christian Andersen pensait que « voyager, c’est vivre » et Rudyard Kipling, que nous avons tendance à associer à l’Inde, se languissait des endroits « exotiques » tels que Rio de Janeiro. De nouveaux mondes, des pôles aux tropiques, s’ouvraient à l’Occident et les vers mémorables extraits du poème grec Ithaque (1911), de Constantine Cavafy, illustrent parfaitement et à bien des égards l’état d’esprit des missions d’exploration de ces nouvelles contrées : « Quand tu partiras pour Ithaque, souhaite que la route soit longue et riche d’aventures. » C’est dans ce contexte qu’Henry Collins Walsh, qui prit part à des voyages en Arctique et à des batailles contre des tribus marocaines, invita à dîner, le 28 mai 1904 à New York, un groupe d’hommes partageant ses valeurs et travaillant dans le domaine de l’exploration. Ce dîner fut la première pierre de la fondation de l’Explorers Club, littéralement le Club des explorateurs. Les biographies des fondateurs du club sont tout simplement remarquables. Le général Adolphus W. Greely, le premier président du club, et le général David Legge Brainard figuraient parmi les six survivants de l’expédition de la baie Lady Franklin en 1881-1884. Le Norvégien Carl Sofus Lumholtz était ethnographe et avait recueilli des informations sur des cultures australiennes, mésoaméricaines et mexicaines. L’archéologue et marshall américain Howard Saville avait également participé à des travaux sur le terrain en Amérique centrale et en Amérique du Sud, et était le directeur du musée des Indiens d’Amérique (Fondation Heye). Frederick Cook, également membre fondateur de l’Arctic Club et deuxième président de l’Explorers Club, était un éminent alpiniste et explorateur de l’Arctique, même s’il avait un sens de l’orientation Par James W. Reid quelque peu bancal. Lors de sa fondation, le club comptait environ cinquante hommes de cette trempe. Lors de sa création, l’Explorers Club se définit comme « une organisation qui unit les explorateurs par les liens d’une bonne camaraderie et qui promeut le travail d’exploration par tous les moyens dont il dispose ». Le club inaugure un fonds d’exploration afin de promouvoir le travail de ses membres et instaure un cycle continu de conférences qui existe encore de nos jours. Son banquet annuel, connu pour ses mets inhabituels, est légendaire. Le premier siège du club est installé dans le Studio Building, au numéro 23 W de la 67e rue. Un article paru dans le New York Times en 1905 en fait la description : « Les pièces du club ne sont pas meublées de manière luxueuse, au contraire, cette première maison new-yorkaise des explorateurs, qu’ils y soient résidents ou en visite, est d’une pure simplicité et reflète le mode de vie d’hommes énergiques qui n’ont que faire du luxe indolent. Les murs du club sont couverts de peintures intéressantes représentant des scènes plutôt familières pour des hommes qui explorent des contrées lointaines, mais plutôt étranges et instructives pour le commun des citadins. Beaucoup de ces paysages arctiques et de ces tableaux forestiers sont signés F. W. Stokes et Tappan Adney, tous deux adeptes de voyages dans des pays lointains. » Après sa fondation, l’Explorers Club déménage à plusieurs reprises au fil des ans et s’installe finalement, en 1965, au numéro 46 de la 70e rue Est, dans une magnifique demeure jacobine qu’il occupe toujours à ce jour et qui, à l’origine, avait été construite en 1910 pour Stephen C. Clark, l’héritier de la fortune des machines à coudre Singer. Le bâtiment avait été acheté en 1960 par le membre Lowell C. Thomas, qui en fit don généreusement à l’Explorers Club. Aujourd’hui, la demeure porte son nom en son hommage. Elle est un siège idéal, puisqu’elle se situe à seulement quelques pas de la statue d’Alice au pays des merveilles de Josée de Creeft, que l’on peut admirer dans le pittoresque Central Park et qui évoque, bien qu’elle n’y soit pas liée, les nombreux « pays des merveilles » découverts par les membres de l’Explorers Club. Le club a développé jusqu’à trente antennes à travers le monde et ses membres ont élargi FIG. 1 : La plaque exposée dans le hall d’entrée de l’Explorers Club détaille certains exploits des membres du club. Photo : Hendrik Smildiger. FIG. 2 : Drapeau de l’Explorers Club. FIG. 3 : James W. Reid, auteur et membre de l’Explorers Club, présente un exposé devant le roi Dedyalagni (Agoli Agba III). Abomey, République du Bénin, 2001. Collection de l’auteur.


XVII-4 Cover FR final_Cover
To see the actual publication please follow the link above