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L’ARCHIPEL BISMARCK bourgeois. Ils se passionnent pour ces objets qui rendent nécessaire l’exploration de nouvelles frontières visionnaires. Brignoni est attiré par le surréalisme et l’art océanien parce qu’ils lui ouvrent la porte de nouveaux royaumes imaginaires, oniriques, fantastiques et transcendantaux qui tranchent avec un cubisme et plus encore avec un art africain qui lui paraissent rigides. Étant suisse, Brignoni a des contacts privilégiés avec l’Allemagne. Breton et Éluard prennent l’habitude d’aller à Londres acheter des objets, mais la plupart des artistes se fournissent à Paris et dans les environs. Les objets trouvés sont d’ailleurs le reflet de leur origine coloniale : Afrique de l’Ouest, Congo et Polynésie tombent dans l’escarcelle française ; la Nouvelle-Guinée et les îles du nord, dans celle de l’Allemagne. Brignoni voyage à travers l’Allemagne, où il n’a pas de concurrent dans ses recherches et où il peut trouver des objets provenant de l’archipel Bismarck en grand nombre. Qui plus est, comparés aux prix pratiqués à Paris ou Londres, les objets ne sont pas chers. Il achète aux particuliers et aux musées, se procurant souvent des pièces auprès d’institutions cherchant à réunir des fonds pour leurs propres expéditions dans les territoires coloniaux. Il voyage également énormément en Hollande et en Belgique et a de bonnes relations avec les marchands à Amsterdam et à La Haye. Il passe parfois pour un excentrique en raison de sa ténacité. Il faut dire qu’à l’époque, durant les années de l’entre-deux-guerres, personne ne s’intéresse vraiment à ces arts à part les artistes et quelques collectionneurs. Il passe également beaucoup de temps au musée de Bâle à étudier la collection d’art océanien, notamment avec des universitaires tels que Paul Wirz. Il acquiert là le savoir d’un fin connaisseur. Brignoni est aussi un fervent adepte des échanges, et son oeil aiguisé lui permet de trouver des objets et de faire des affaires. Parfois, ces échanges d’objets se substituent aux revenus provenant des ventes de ses propres oeuvres, et le turnover des pièces lui permet d’amener sa collection à un niveau toujours plus élevé et raffiné. Il réfute cependant l’allégation selon laquelle il aurait été influencé en tant qu’artiste par l’art océa- 117 FIG. 15 (page de gauche) : Nouvelle-Irlande, masque de danse Tatanua. H. : 48 cm. Ex Roberto Matta. FIG. 17 : Serge Brignoni, Paris, 1936. © 2013, Città di Lugano, Museo delle Culture. FIG. 16 (haut) : Figure Malangan, Nouvelle- Irlande. H. : 110 cm Heiland Collection Klaus Clausmeyer, Cologne Rautenstrach-Joest Museum, Cologne, No 48257.


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