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BISMARCK L’ART ET L’AVANT-GARDE 106 L’art de l’archipel Bismarck n’a cessé, depuis les premiers contacts des Européens avec ses terres jusqu’à une époque plus récente, d’intriguer et de fasciner par l’exubérance de ses formes visuelles. Dès 1643, Isaac Gilsemans, marchand, cartographe et artiste qui participe à l’important voyage de découverte des mers du Sud d’Abel Tasman, est intrigué par un petit canoë à balancier destiné à la pêche aux requins qu’il rencontre au large de l’île Tabar en Nouvelle-Irlande. Il dessine l’embarcation : deux membres de l’équipage la reconduisent vers le rivage, tandis qu’un troisième personnage, habitant de l’île, souffle dans une conque en guise de trompette pour annoncer leur retour imminent. 1 (fig. 3 et 4). FIG. 1 : Yva, Maskenspiel der Treue, avec l’aimable autorisation de la Kicken Gallery, Berlin YVA (1900- 1942) 1900 (Berlin) – 1942 (Majdanek, Pologne) « Maskenspiel der Treue / Faithfulness - masks play », 1927. Impression à la gélatine argentique, imprimée c. 1927, montée sur support. 16,5 x 22 cm © succession de l’artiste, avec l’aimable autorisation de : collection privée américaine / Kicken Berlin Gallery. Dans ce dessin au rendu peu réaliste, ce qui frappe d’emblée, ce n’est pas le déséquilibre des proportions entre les personnages – en termes de composition, ce dessin est en accord avec les codes expressifs tels que Dürer, contemporain de Gilsemans, les a définis –, mais bien le caractère extraordinairement ouvragé de la poupe et de la proue. Les figures de proue surdimensionnées prennent la forme de serpents de mer grimaçants aux dents acérées, tandis que de leurs gueules ouvertes surgissent de frétillantes langues diaboliques. Quoique clairement fantastique, le vocabulaire artistique employé fait écho aux oeuvres d’autres artistes du XVe et XVIe siècle, au premier rang desquels Jérôme Bosch. DOSSIER Par Kevin Conru


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