Page 89

I-IVCoverT68 F_CoverF Vuvi

Trésors sacrés du Vatican puissantes et des nez robustes et profilés. Les rei miro étaient principalement portés par les femmes, mais l’ethnologue Alfred Métraux a révélé que l’ariki mau (le chef le plus haut placé) de l’île, un homme, en portait jusqu’à six à la fois.28 Avant la conversion de cette culture au christianisme en 1868, la religion des habitants de Rapa Nui était centrée sur l’ariki mau, à qui l’on attribuait des pouvoirs surnaturels, parce qu’il descendait des dieux Tangaroa et Rongo. Un autre type d’objet important à Rapa Nui est la rapa en forme de pagaie (fig. 15), sculptée dans une seule pièce de bois et ressemblant à des figures réduites à leur forme la plus linéaire. Les arêtes du bas déterminent les sourcils, le nez et les oreilles, dont les décorations stylisées sont également visibles sur le moai tangata. Le point situé au bas de la pagaie représente un phallus.29 Avant la conversion généralisée au christianisme, les cérémonies religieuses des indigènes incorporaient les rapa, qui, selon Métraux, étaient utilisées par paires et tournoyaient au rythme des chants.30 En 1866, le frère Eyraud fut rejoint sur Rapa Nui par le frère Hippolyte Roussel de la mission Picpus dans les Marquises. Il était accompagné de Marquisiens convertis. Une mission fut établie et la conversion au catholicisme, entreprise. Dans les années qui suivirent, de très nombreux objets furent récoltés et exposés en Belgique, à Rome et lors de l’Exposition universelle missionnaire du Vatican en 1925. Nous pouvons déduire que les oeuvres de cette région du monde conservées au Vatican ont un lien direct avec Eyraud ou Roussel, mais une recherche plus approfondie est nécessaire pour confirmer cette hypothèse.31 Les fiches du catalogue du musée issues de l’exposition et les documents créés par le personnel ultérieur dressent la liste des individus ou organismes qui acheminèrent les oeuvres vers le Vatican, et non leur source première. Il est toutefois incontestable que les missionnaires de Picpus réunirent l’une des plus vastes collections d’oeuvres d’art Rapa Nui de l’histoire.32 Même si nous ne savons pas dans quelle mesure le critère esthétique fut considéré lors de la collecte de ces oeuvres, cet ensemble contribue à notre compréhension actuelle de l’esthétique Rapa Nui à cette période. Les missions en Afrique ont fourni des oeuvres qui remplirent cinq palais lors de l’exposition de 1925. L’un d’entre eux était consacré au Congo belge et un autre à la religion en Afrique subsaharienne.33 De vastes collections demeurent au Museo Etnologico, mais de plus amples travaux de restauration et de recherches sont nécessaires pour qu’elles puissent être exposées et partagées avec les spécialistes et le public. Quelques objets africains importants ont été sélectionnés pour l’exposition du de Young. Parmi ceux-ci, se trouve un crucifix en bronze (fig. 16), créé à la fin du XVIIe siècle par un artiste kongo dans l’actuelle République dé- 87 FIG. 13 (CI-DESSOUS) : Figure masculine moai tangata,Rapa Nui (île de Pâques), Chili, avant 1868. Bois, os et obsidienne. Ramenée par l’ordre missionnaire Picpus pour l’Exposition universelle missionnaire du Vatican en 1925. Museo Etnologico, Vatican, inv. #100201. Photo : Scott McCue. FIG. 14 (CI-DESSUS) : Pectoral rei miro, Rapa Nui (île de Pâques), Chili, avant 1868. Bois. Ramené par l’ordre missionnaire Picpus pour l’Exposition universelle missionnaire du Vatican en 1925. Museo Etnologico, Vatican, inv. #100181. Photo : Scott McCue. FIG. 15 : Pagaie de danse rapa, Rapa Nui (île de Pâques), Chili, avant 1868. Bois. Ramenée par l’ordre missionnaire Picpus pour l’Exposition universelle missionnaire du Vatican en 1925. Museo Etnologico, Vatican, inv. #100173. Photo : Scott McCue.


I-IVCoverT68 F_CoverF Vuvi
To see the actual publication please follow the link above