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Trésors sacrés du Vatican De très nombreux dieux étaient adorés dans les îles Gambier avant la conversion massive des habitants au christianisme au XIXe siècle. L’une des figures en bois de ces contrées conservée au Vatican (fig. 8) représente une expression du dieu Tu vénéré sur les te kehika marae (terres sacrées) sur l’île de Mangareva. Avec son torse épais et ses quatre jambes, cette figuration de Tu est unique parmi la petite douzaine de sculptures de Mangareva qui subsistent. La mission catholique sur l’île fut établie avec l’arrivée du père François Caret et du père Honoré Laval en 1834, et la conversion fut rapide. Il s’ensuivit de profonds changements culturels et sociaux qui impliquèrent la destruction délibérée des lieux sacrés et des objets religieux. Caret sauva dix objets des flammes. En avril 1836, il écrivit « N. 1 » à l’encre noire sur le torse de la figure de Tu avant de l’envoyer au siège de la Congrégation des Sacrés-Coeurs de Jésus et Marie et de l’Adoration (couramment abrégée en Picpus, du nom de la rue de Paris qui avait abrité leur premier siège), puis à Braine-le-Comte en Belgique, accompagnée des autres oeuvres et d’un document listant les objets. La pièce rejoignit les collections du musée de la Propaganda Fide à Rome, puis elle intégra l’exposition missionnaire du Vatican en 1925. Une photographie de cette installation montre Tu avec un vala des Tonga (un pagne, toujours présent dans la collection) pour dissimuler ses organes génitaux.18 Une autre figure, l’une des deux du genre ayant subsisté (fig. 9), portant jadis des bandelettes utilisées pour évoquer Tu, faisait également partie du groupe envoyé d’abord en Belgique, puis au Vatican en 1925. D’une abstraction presque totale et réduit à une forme linéaire, le corps possède de petites jambes dans le bas qui semblent légèrement fléchies au niveau des genoux. Des bandes en tissu d’écorce, ou eketea, étaient attachées aux longs bras tendus vers le haut. Laval attribua le même nom, eketea, à ces pièces et documenta l’utilisation des eketea sur l’île Akamaru, d’où cette oeuvre pourrait venir.19 Il consigna aussi les mentions reliant les figures et leurs offrandes en tissu aux mondes naturel et surnaturel. « Une fenêtre sur le monde » : l’Exposition universelle missionnaire de 1925 La plupart des oeuvres présentées dans l’exposition du de Young, et un important pourcentage de la collection du Museo Etnologico du Vatican, furent


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