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La Sacrée Congrégation de Propaganda Fide et les fruits de la conversion et de l’iconoclasme Cinq remarquables sculptures en bois (fig. 1-4 et 6), collectées par le frère Francisco Romero en 1691 dans un sanctuaire tairona situé dans la Sierra Nevada de Santa Marta et données au pape Innocent XII en 1692, sont tenues pour les oeuvres fondatrices de la collection ethnologique du Vatican. Elles furent conservées dans le Palazzo di Propaganda Fide (palais de la propagation de la foi) à Rome et intégrèrent plus tard la vaste collection du cardinal Stefano Borgia (1731-1804), préfet de la Sacrée Congrégation de Propaganda Fide de 1798 à sa mort. Celle-ci avait été fondée par le pape Grégoire XV en 1622 afin de traiter les affaires ecclésiastiques de l’Église catholique en dehors du Vatican, en particulier dans des pays et régions du monde qui étaient fraîchement « découverts » par les Européens. Au sein de ce groupe, une statuette de divinité (fig. 1) avec les bras levés et richement ornée arbore de nombreuses parures – une coiffe, un collier et des bracelets – rehaussées avec un pigment. Son dos est plat et dépourvu de motifs sculptés et le bas est désormais incomplet. Certains experts pensent que le personnage pouvait porter un masque, en raison des incisions autour des yeux et de la position des bras et des mains encadrant la tête. Elle partage des caractéristiques avec d’autres célèbres figurines tairona en or.2 Les deux masques cérémoniels de ce groupe (fig. 4 et 6) diffèrent dans leurs formes et leurs expressions. L’un est relativement naturaliste, tandis que l’autre possède des traits exagérés. Les deux étaient probablement munis de coiffes attachées à leur sommet et fixées aux trous. En 1984, Josef Penkowski, ancien directeur du Museo Missionario-Etnologico, signala que l’un de ces masques (fig. 4) « représente l’arrière-grand-mère Soleil, qui était vénérée durant le séchage des champs précédant les semailles »3. Des masques similaires du Ethnologisches Museum de Berlin ont été attribués aux Kággaba et servaient à commémorer les ancêtres lorsqu’ils étaient portés lors de festivals.4 La fonction originale des deux supports de bois zoomorphes du groupe (fig. 2 et 3) – un félin à longue queue (probablement un puma) et une créature bicéphale – est inconnue à ce jour. Les deux disposent d’ouvertures sur le dessus servant à accueillir un autre objet. Leurs surfaces sont dotées de plusieurs formes géométriques gravées et remplies de pigment. Les Tairona, qui vivaient dans les montagnes de la Sierra Nevada de Santa Marta depuis des siècles, résistèrent à l’esclavagisme et à la domination des Espagnols pendant la FIG. 4 : Masque, Tairona, Sierra Nevada de Santa Marta, Colombie, avant 1691. Bois et pigments. Collecté par le Fr. Francisco Romero pour le pape Innocent XII en 1692. Museo Etnologico, Vatican, inv. #101471. Photo : Scott McCue. FIG. 5 : Gravure sur bois représentant les objets fig. 1- 5 tirée de Francisco Romero, Llanto sagrado de la América meridional, 1693. Encre sur papier. Museo Etnologico, Vatican, inv. #125560.2. FIG. 6 : Masque, Tairona, Sierra Nevada de Santa Marta, Colombie, avant 1691. Bois et pigments. Collecté par le Fr. Francisco Romero pour le pape Innocent XII en 1692. Museo Etnologico, Vatican, inv. #101472. Photo : Scott McCue.


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