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Charles Ratton 81 Les expositions et les ventes orchestrées par Charles Ratton tout au long de sa vie ont été autant de moyens d’action que ce dernier a utilisés pour favoriser la reconnaissance des arts extra-européens. Petit retour sur les principales dates présentées par Maureen Murphy : 1930. C’est l’année de L’exposition d’art africain et océanien à la galerie du Théâtre Pigalle. Nous avons choisi d’évoquer cet événement avec la statue du dieu Gou du musée Dapper pour pointer le débat sur la perception de ces objets. D’après une information inédite livrée par Guy Ladrière, Charles Ratton aurait modifié la sculpture en en rabattant le sexe pour la rendre conforme aux normes de décence de l’époque. 1931. Plusieurs événements paradoxaux se tiennent cette année-là : d’une part L’exposition coloniale du Bois de Vincennes et L’exposition ethnographique des colonies françaises au musée d’Ethnographie du Trocadéro, pour lesquelles Charles Ratton prête des oeuvres ; d’autre part, La contre-exposition coloniale due aux artistes surréalistes, desquels Ratton se sentait proche intellectuellement. Toujours en 1931, ce dernier prend part, en qualité d’expert, à la dispersion des collections de Breton et Éluard (juillet), ainsi que de George de Miré (décembre). 1932. Charles Ratton se voit confier la conception d’une des premières expositions du musée du Trocadéro : Bronzes et ivoires du Bénin. Cet événement assoit son expertise et témoigne de sa fascination particulière pour les arts de cour. 1935. Il exporte son savoir-faire aux États-Unis et participe à l’exposition African Negro Art au MoMA de New York, et s’associe à Pierre Matisse avec African Sculptures from the Ratton Collection. Toujours en 1935, mais cette fois dans sa galerie parisienne, Ratton organise l’exposition Masques et ivoires anciens de l’Alaska et de la côte nord-ouest de l’Amérique qui retient l’attention des surréalistes et grâce à laquelle il contribue à élargir le champ de la connaissance des arts extra-européens. 1936. Cette année est celle de L’exposition surréaliste d’objets à la galerie Charles Ratton confrontant des objets américains et océaniens à des créations d’artistes surréalistes. 1937. La mode au Congo, rassemblant des coiffures anciennes du Congo, se tient à la galerie de Charles Ratton. À l’occasion, Man Ray, avec lequel Ratton était en relation depuis déjà un certains temps, sera sollicité pour réaliser une série de portraits de son amie Adrienne Fidelin portant les coiffes et les parures exposées. La même année – et cela a été l’un des aspects révélé par nos recherches –, pour accompagner la sortie en France du film américain The Green Pastures offrant une vision de la Bible jouée par des acteurs afro-américains, Ratton organise une exposition d’art africain dans le hall du théâtre Édouard VII. Parmi les prêteurs, se trouvaient Helena Rubinstein, Félix Fénéon, Jacques Lipchitz, Tristan Tzara pour ne citer que quelques noms. 1944. Charles Ratton rencontre Jean Dubuffet, qu’il initie à la sculpture africaine et avec lequel il entretiendra un rapport étroit jusqu’à la fin des années 1950. Il jouera un rôle clé dans la construction de la notion et du mouvement d’« art brut ». 1951-1953. Il intervient en qualité de conseiller scientifique et de prêteur dans l’élaboration du film documentaire Les statues meurent aussi, réalisé par Alain Resnais et Chris Marker sur une demande d’Alioune Diop de Présence Africaine. FIG. 12 : Portrait de Charles Ratton, studio Harcourt, années 1930. Ancienne collection Charles Ratton. Guy Ladrière, Paris. © musée du quai Branly, photo Claude Germain. FIG. 13 : Couverture du catalogue de l’exposition au MoMA, 1935. © musée du quai Branly, photo Claude Germain. FIG. 14 : Catalogue et livre d’or de l’Exposition surréaliste d’objets, 1936. Archives Charles Ratton. Guy Ladrière, Paris. © musée du quai Branly, photo Claude Germain. FIG. 15 : Couverture du catalogue de la vente des collections de Breton et Éluard, 1931.


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