IROQUOIS 71 Cornplanter, au début des années 1900, et aux aquarelles et peintures d’Ernest Smith pour le Seneca Arts Project des années 1930, en passant par une foule d’artistes contemporains. Ces oeuvres ne partagent sans doute pas un style et une vision similaires, mais elles émanent toutes de la tradition intellectuelle iroquoise. Ces peintures, sculptures et installations contemporaines livrent un témoignage poignant sur le passé vu à travers les yeux des Iroquois d’aujourd’hui et offrent un contrepoint intéressant au parcours chronologique, sur plusieurs siècles, employé dans l’exposition pour tracer les contours de l’histoire et de la culture des Iroquois. Il ne s’agit pas là d’une simple parenthèse romantique de l’histoire américaine, mais plutôt d’un chapitre de l’histoire de la mondialisation et des phénomènes qui l’accompagnent, tels les flux migratoires mondiaux rendant les peuples indigènes étrangers dans leur propre pays, la compétitivité des échanges de marchandises et d’idées dictée par des marchés lointains et des considérations idéologiques affectant les populations locales et leurs modes de vie ainsi que le conflit entre des opinions largement divergentes à propos de la nature et de l’ordre du monde. Dans l’exposition, les origines des Iroquois sont évoquées au moyen de la célèbre légende de la Femme céleste, qui tomba des cieux et atterrit sur « l’île de la Tortue ». Au XVIIIe siècle au plus tard, les Iroquois durent adapter ce mythe afin d’intégrer les peuples blancs et noirs qui leur étaient jusque-là inconnus, à l’instar des Européens, qui parcouraient frénétiquement la Bible à la recherche d’éléments attestant l’origine adamique des peuples indigènes rencontrés aux Amériques. Pour aborder ces différentes visions du monde et de la vie, les Iroquois se réfèrent aujourd’hui à la ceinture wampum à « deux rangs », pronant que, tout comme les deux lignes violettes de la ceinture tracées parallèlement sur le fond blanc, les Iroquois et les non-Iroquois devraient emprunter des chemins « différents, mais dans un respect mutuel ». FIG. 10 : Peigne surmonté d’une représentation de cheval, Seneca, Victor, région d’Ontario, New York, États- Unis, vers 1670–1687. Bois d’élan. H. : 10,8 cm. Fenimore Art Museum, Cooperstown, NY, inv. T0024 (collection Eugene V. et Clare E. Thaw). FIG. 11 : Ceinture wampum, Iroquois (?), avant 1656. Perles en coquillage blanches et mauves et fibres végétales. 41,2 x 4,2 cm. Pitt Rivers Museum, Oxford, inv. 1886.1.833 (collection de l’Ashmolean Museum ; ex. coll. John Tradescant). FIG. 12 : Sac imitant un wampum, Iroquois, deuxième moitié du XVIIIe siècle. Perles de verre, cuir, métal et poils de cerf. H. (lanière comprise) : 84 cm. Kunstkamera – Musée d’anthropologie et d’ethnographie Pierre le Grand de l’Académie des sciences russe, St. Petersbourg, inv. 1901-6.
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