d’incertitude. On doit ainsi à Jean Suyeux, juge à Gaoua dans les années 1950, d’en savoir plus sur Lunkena Pale, sculpteur natif de Gongombili, et « diseur de choses cachées ». Le magistrat, confronté dans sa pratique quotidienne à la réalité de la société lobi, évoque un monde où la vérité est illusoire, au mieux multiple, et jamais là où on l’attend. Ses nombreuses photos de Lunkena, posant devant son « show room » ou son autel, nous éclairent sur cette pluralité. On y voit l’artiste brandir avec la même fierté des statuettes relevant d’un style considéré comme le sien propre, d’autres traditionnellement attribuées à Sikire Kambire, son collègue sculpteur de Gongombili, et des curios destinés à l’exportation. Entre Pale et Kambire, son aîné, qui donc est le « Maître des yeux globuleux » ? Piet Meyer, à une époque plus récente, ne s’y était pas trompé qui pondère d’un « vermutlich » (probable) les attributions associées aux oeuvres d’artistes disparus illustrées dans son livre. Que ce soit chez Brecht, Goldoni, Hegel, qu’il s’agisse de maîtrise ou de domination, le maître n’existe que par son alter ego le valet, l’esclave ou l’élève. En oubliant son double qui parfois le dépasse et multipliant à satiété le nombre de maîtres, on galvaude ce titre lié aussi à la notion d’excellence. Cette petite parenthèse – d’ordre sémantique ? – close, on ne saurait trop recommander Schnitzer der Lobi à tous les amateurs désireux d’en savoir plus sur l’univers artistique des Lobi. 143 EN HAUT : Ensemble de bateba phuwe attribuées au « Maître des collerettes », Lobi, Burkina Faso. Photo © Niklas Herkenhoff. CI-CONTRE : Ensemble de figures bateba phuwe attribuées au « Maître des têtes cubistes », Lobi, Burkina Faso. Photo © Niklas Herkenhoff. CI-DESSOUS : Ensemble de bateba phuwe attribuées au « Maître des têtes pointues », Lobi, Burkina Faso. Photo © Niklas Herkenhoff. PAGE PRÉCÉDENTE (EN HAUT) : Figure masculine bateba phuwe attribuée au « Maître du visage souriant », Lobi, Burkina Faso. Photo © Niklas Herkenhoff. (EN BAS) : Ensemble de figures bateba phuwe, attribuées au « Maître des têtons rapprochés », Lobi, Burkina Faso. Photo © Niklas Herkenhoff. SCULPTEURS LOBI
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