Sculpteurs lobi Compte rendu de lecture par Bertrand Goy 142 Schnitzer der Lobi Par Petra et Stephan Herkenhoff Publié en allemand et en anglais (édition bilingue) par Herkenhoff-Tribalart, 2013. 31,5 x 24 cm, 288 pages, 380 illustrations, couleur et noir et blanc. ISBN : 978-3-00-040716-1 Relié, 49 euros + frais d’envoi. Commandes : Dr.Herkenhoff@t-online.de Peu d’attention avait été portée à la production artistique des Lobi jusqu’à la parution, en 1981, du premier ouvrage traitant de leur culture matérielle : Kunst und religion der Lobi de Piet Meyer. Depuis, de nombreux travaux leur ont été consacrés. Il faut toutefois distinguer le nouveau livre du Docteur et de Madame Herkenhoff et saluer leurs efforts ininterrompus pour promouvoir cette statuaire. L’ouvrage qu’ils nous proposent est particulièrement soigné, les photos de qualité et les oeuvres scrupuleusement sélectionnées. Des images de terrain inédites ajoutent à l’intérêt de ce travail. On peut noter, en particulier, les références à Hans Himmelheber, auteur d’un film et d’un reportage photographique sur le sculpteur Biniate Kambiré, rencontré en 1965 dans un village du nord de la Côte d’Ivoire. À noter également une façon originale de présenter la bibliographie : à la place de la liste traditionnelle d’ouvrages, des photos de leurs couvertures nous sont proposées. Les auteurs s’emploient, par ailleurs, à organiser la profusion apparemment anarchique des statuettes bateba liées à tous les événements qui ponctuent la vie lobi. À partir d'un corpus réuni avec passion et discernement depuis de nombreuses années, les deux collectionneurs ont entrepris avec beaucoup d'intelligence et de persévérance d’en proposer une classification stylistique. Ils se sont fondés sur une analyse approfondie de détails, en apparence anodins, qui, du fait de leur répétitivité, s’avèrent très pertinents. Des yeux taillés en diamants, un rictus, des seins inhabituellement rapprochés, des visages rappelant une grenouille constituent autant de marques de fabrique. Le choix des auteurs, cédant à une mode récente, d’utiliser le terme « maître » pour désigner les pères putatifs des différentes fratries de bateba répertoriées, mérite un commentaire. En l'absence de reconnaissance formelle de paternité, peut-être pourrait-on préférer à cette association subjective une autre moins restrictive comme atelier, école ou plus largement style. Même lorsque nous disposons de témoignages photographiques anciens réunissant l’artiste et son oeuvre, les conclusions qu’on peut en tirer sont frappées LIVRES La sculpture anthropomorphe lobi présente ce paradoxe d'offrir une diversité de formes, d'expressions ou de postures rarement égalée et dans le même temps d'appartenir à une famille stylistique qui permet à l’amateur d'en reconnaître la provenance au premier coup d'oeil. Cela tient sans doute à la nature même de ce groupe ethnique vivant de part et d'autre de la frontière entre Burkina Faso et Côte d'Ivoire. Aux premiers temps de la colonisation, le Lobi est apparu individualiste et rétif à toute autorité en dehors de son cercle familial ou clanique. Les conquérants français ont pu constater à leurs dépens la détermination des irréductibles Lobi ou autres Birifor à préserver cette indépendance. Malgré ce trait de caractère, ce peuple partage intimement valeurs, rites, croyances et culture.
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