112 qui, entre 1914 et 1918, expédia à New York plusieurs centaines de sculptures africaines ainsi que des oeuvres de maîtres modernes. Guillaume collabora étroitement avec la Modern Gallery de de Zayas de 1915 à 1918. En 1919, Vignier, poète symboliste devenu marchand d’art asiatique à l’aube du siècle, venait de s’ériger comme la nouvelle source de de Zayas et s’apprêtait à envoyer une quantité importante d’oeuvres africaines à New York. Les objets présentés dans les deux galeries parisiennes firent forte impression sur Gordon, mais il fut quelque peu déconcerté par les prix demandés pour les oeuvres africaines. Malgré cela, Gordon réserva auprès de Guillaume trentedeux figurines et masques d’Afrique centrale et occidentale pour un montant de 100 000 francs (moins de 8 000 dollars à l’époque). Le marchand mit immédiatement les objets de côté, les emballa et prépara leur expédition, mais ne tint pas compte du lent processus d’acquisition de son nouveau client, ni de ses qualités de négociateur.23 Gordon ne se manifesta plus avant l’année suivante et, fait intéressant, demanda l’avis d’Oldman quant au matériel de Guillaume. Oldman saisit évidemment l’occasion pour contester le prix demandé par Guillaume et proposa à son tour sa propre collection24 (fig. 22 et 23). Il suggéra plutôt l’achat d’une collection de quatre-vingt-quatre oeuvres du Congo qui avaient été rassemblées par un officier colonial belge, le capitaine C. Blank, au cours d’une mission, peu avant 1920. Soixantesix oeuvres de cette collection furent achetées par le musée en février 1924 pour 300 livres, après pratiquement quatre ans de négociations25 (fig. 4, 24, 25, 26 et 27). Wardwell ne manqua pas de remarquer qu’il s’agissait là des derniers objets africains achetés par le musée à Oldman.26 Dans la galerie de Vignier, Gordon nota un certain nombre d’oeuvres intéressantes d’origines diverses. Parmi elles, des peintures chinoises, des gravures africaines et des faïences perses. Les objets furent envoyés peu de temps après à la récemment inaugurée De Zayas Gallery, nouvelle tentative commerciale de de Zayas après la fermeture de sa Modern Gallery en 1918. De Zayas monta plusieurs expositions durant l’automne 1919 avec les oeuvres envoyées de France par Vignier, puis commença peu à peu à expédier les pièces vers le PM. Un groupe de onze masques et figurines d’Afrique centrale et occidentale, ainsi que trois oeuvres de Polynésie et cinq d’Amérique latine, tous exposés à la De Zayas Gallery en novembre 1919, furent envoyés au musée le 20 du même mois27 (fig. 28). Le prix de cet ensemble avait déjà été fixé à 90 000 francs, mais, plus d’un an après, Gordon parvint à le négocier à la baisse, soit 75 000 francs en janvier 1921. Cet achat, incluant des oeuvres célèbres comme le tabouret à cariatide du Maître de Warua et d’autres pièces reproduites en 1915 dans l’ouvrage fondamental FIG. 22 : Lettre de W. O. Oldman à George Gordon, 5 juin 1920, à propos des objets appartenant à Paul Guillaume et de la collection d’art congolais d’Oldman luimême. UMPA, Office of the Director, correspondance entre Gordon et Oldman, 1920. Avec l’aimable autorisation de l’UMPA. FIG. 23 : Fiche d’expédition de la collection d’art congolais du capitaine Blank envoyée au PM par Oldman, 21 mars 1921. UMPA, Office of the Director, correspondance entre Gordon et Oldman, 1921. Avec l’aimable autorisation de l’UMPA. DOSSIER
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