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MUSÉE à la Une 88 que possible, ou négociait leur livraison à Lamap. Cela ne se passait pas toujours comme prévu, d’autant qu’un autre collecteur, actif à l’époque, octroyait des salaires légèrement plus élevés pour le transport.7 À la fin du mois de janvier 1973, Charpentier revint à Port-Vila, où il fut immédiatement hospitalisé pendant deux semaines – le paludisme, la dysenterie et l’infection par l’ankylostome (qui, bien que le diagnostic restât à confirmer, s’était installé dans ses poumons et lui causait divers maux d’estomac) ayant laissé des traces. Par la suite, il fut régulièrement malade durant ses voyages et sa santé fut considérablement affectée par le terrain montagneux, l’humidité, les pluies de mousson, les randonnées dans la jungle jusqu’à onze heures par jour, et les accès de fièvre paludique et de coliques. Son état physique le contraignit à limiter ses expéditions à Malekula à des périodes de deux semaines. Le mois où Charpentier retourna à Malekula après avoir quitté l’hôpital, le Commonwealth Arts Advisory Board en Australie, pour le compte duquel il exerçait ses activités, fut dissout. La réorganisation et la restructuration du programme de la future NGA entraînèrent l’arrêt du Programme et plus personne n’endossa la responsabilité du projet. La mission de Charpentier fut alors considérée comme presque insignifiante, à tel point qu’elle fut complètement négligée. Ce dernier, ignorant les événements se déroulant en Australie, poursuivit pourtant ses activités. Aujourd’hui, l’histoire de la collecte de Charpentier demeure inachevée. Les notes de terrain concernant les six derniers mois de son contrat doivent encore être localisées, de même que d’autres ressources inhérentes au projet. Le fait que Pretty se soit impliqué dans la supervision du Programme permit l’archivage de divers documents au South Australian Museum, où un certain nombre de négatifs et de diapositives pris par Charpentier ont heureusement été retrouvés. À la fin de son contrat, Charpentier prit des dispositions pour emballer les objets de la collection et les mettre dans des caisses avant de les envoyer en Australie. Malheureusement, le meilleur emballage dont il disposait était du papier hygiénique ; il acheta donc tous les rouleaux disponibles dans le magasin de Lamap. Cette initiative non seulement déplut aux habitants de Lamap, mais se révéla problématique. Sous l’effet de l’humidité, le papier adhéra à l’argile qui recouvrait de nombreux objets. Plus de treize caisses arrivèrent à l’entrepôt temporaire d’art de la NGA en novembre 1973. Les pièces avaient terriblement souffert durant le transport et plusieurs d’entre elles étaient tellement endommagées que leur restauration n’était même pas envisageable. À la suite de cette triste nouvelle, la collection demeura dans l’entrepôt et personne n’y toucha plus pendant des décennies. FIG. 13 : Ndram tan mwilip, créé par Asax vers 1973, village de Menmenboas, île de Malekula, province de Malampa, Vanuatu. Bois, argile végétale, ocre, plumes et défenses de sanglier. Acquis par J.-M. Charpentier pour le compte du Commonwealth Arts Advisory Board. National Gallery of Australia, 1971.207.105. Photo : National Gallery of Australia. Ce type de sculpture est associée aux cycles de culture de la patate douce et au quatrième grade, natoer noemeu. La sculpture, longue et mince, est supposée représenter une patate douce en croissance. Deux cochons sont nécessaires pour acquérir le droit de créer cette oeuvre. Une fois achevée, elle est disposée près des potagers du village jusqu’à ce que les patates douces soient prêtes pour la récolte.


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