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MUSÉE À LA UNE 80 statuettes, masques, instruments de musique et autres s’imposent comme des présences / forces accompagnant l’artiste dans son activité créatrice. L’évocation de ce rôle en quelque sorte épiphanique des objets africains et océaniens que suggèrent ces images d’atelier conduit, presque naturellement, aux questions abordées dans la deuxième partie de Picasso Primitif, intitulée « corps à corps » et prenant la forme d’associations libres (dans le sens où elles ne répondent à aucune réalité préexistante) entre des oeuvres de Picasso et celles d’artistes d’Afrique et d’Océanie issues principalement des collections du musée du quai Branly – Jacques Chirac. Nourris par une réfl exion fondée sur l’anthropologie de l’art, les ensembles créés mettent en évidence des phénomènes de convergence FIG. 6 (CI-DESSUS) : Pablo Picasso, Jeune garçon nu. 1906 / II : Corps à Corps - « Archaïsmes », Nudité. Huile sur toile. H. : 67 cm. Musée national Picasso-Paris, dation Pablo Picasso, 1979, MP6. © Paris, musée Picasso, © RMN-Grand Palais (musée Picasso de Paris) / Mathieu Rabeau. FIG. 4 (CI-DESSUS) : Vue de l’exposition Picasso Primitif / II : Corps à Corps - « Archaïsmes », Nudité. © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo : Gautier Deblonde. FIG. 5 (À GAUCHE) : Figure d’homme. Lac Sentani, Province de Papouasie, Indonésie / II : Corps à Corps - « Archaïsmes », Nudité. Bois. H. : 97 cm. MqB-JC, inv- 70.2007.62.1. © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Thierry Ollivier, Michel Urtado. l’année suivant son décès à Mougins. Tel un enquêteur, le visiteur découvre, en suivant le fi l des faits présentés par toutes sortes de documents (lettres, témoignages, photographies, etc.), ce que Picasso a pu voir, notamment au musée du Trocadéro ou auprès d’autres artistes tels Derain, Matisse ou Braque, mais aussi ce qu’il a pu avoir. Évoquée par quelques objets emblématiques présentés sous vitrine (une paire de poteaux de faîtage kanak (fi g. 1), la coiffure cérémonielle du Vanuatu qu’Henri Matisse cherchait à lui offrir depuis 1951, ou encore le fameux masque nimba baga de Guinée acquis dès 1928 (fi g. 2), la collection personnelle de l’artiste est également explorée par le biais de catalogues d’expositions fi gurant certains objets importants, comme le superbe masque lega (RDC) ayant appartenu au préalable à Louis Carré, et qui fut reproduit dans l’ouvrage accompagnant Arts primitifs dans les ateliers d’artistes au musée de l’Homme en 1967. Plus riches encore en informations, de nombreuses photographies des ateliers de Picasso ponctuent cette chronologie trépidante. Que ce soit au Bateau-Lavoir, boulevard Raspail, dans la villa cannoise La Californie, ou dans sa dernière résidence du mas Notre-Dame-de-Vie, les arts tribaux furent toujours présents, accrochés aux murs, entassés sur une pièce de mobilier ou posés à même le sol (fi g. 1 et 3). L’aspect « fouillis » de ces espaces affi rme l’absence totale d’une quelconque recherche d’esthétisation des objets qui en dit long sur le rapport de Picasso à ces arts lointains. Plus que des sujets / supports de contemplation, les


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