96 comme Nias (fi g. 4). À l’extrémité sud de Sumatra, les arts ont connu une période fl orissante du XVIIe au XIXe siècle, lorsque le commerce du poivre contribua à la richesse de la région de Lampung. Les textiles spectaculaires de Lampung (fi g. 6) sont d’ailleurs célèbres, à juste titre. JAVA ET BALI Fertiles et densément peuplées, les îles de Java et de Bali ont une histoire complexe. Elles possèdent de nombreuses traditions artistiques entremêlées. Les deux îles partageaient la même culture jusqu’à la chute de l’empire de Majapahit au XVe siècle, à cause de la montée en puissance de l’islam sur la côte nord de Java. Par la suite, seule Bali a conservé sa religion prédominante, l’hindouisme. Quant aux Javanais, ils n’ont jamais entièrement renoncé à leurs traditions et aujourd’hui, la culture javanaise est réputée pour son syncrétisme. Des infl uences non seulement islamiques, mais aussi indiennes, chinoises et néerlandaises se retrouvent dans la production artistique fascinante de la région. Deux fi gures sacrées de Bali (fi g. 8) présentent des versions des divinités indiennes Vishnu et Lakshmi, pouvant également être considérées comme un couple ancestral d’Austronésiens. D’autres oeuvres sont profondément inspirées par la spiritualité javanaise, comme le kuda lumping (fi g. 7), un cheval de bois qui ne servait pas qu’à s’amuser. Les cavaliers étaient possédés par l’esprit du cheval et se livraient à des actes « inhabituels » pour un cheval, comme plonger la tête dans des abreuvoirs, mâcher des épis de maïs très durs ou manger du verre brisé. Jugées dévalorisantes par les habitants des villes, ces pratiques demeurent très populaires auprès de la jeunesse rurale, pour qui la possession par un esprit permet l’extase sans avoir besoin de drogues – une expérience hors du commun très recherchée. EST DE L’INDONÉSIE La route migratoire passant par l’Est menait des Philippines à Sulawesi, aux Moluques et aux petites îles de la Sonde. Ces régions ont été beaucoup moins infl uencées par le développement récent d’états indianisés à Sumatra et Java, même si elles n’étaient pas hors de portée des activités commerciales et des infl uences inhérentes à ce phénomène. La myriade de petites îles et le terrain montagneux accidenté des plus grandes îles ont favorisé l'apparition d’une multitude de petites sociétés possédant une langue et une culture spécifi ques mais intimement liées aux autres. Les artistes des peuples Toraja des hauts plateaux de Sulawesi excellent dans l’art de sculpter et de peindre les façades de leurs maisons de cérémonie et greniers à riz (fi g. 9). Les rituels toraja, consacrés essentiellement aux rites pour les défunts, prévoyaient l’utilisation de textiles confectionnés au moyen de techniques et de styles exceptionnellement variés. En effet, les Toraja semblaient utiliser le moindre tissu qui passait entre leurs mains, dont des textiles peints localement ornés de motifs inspirés de ceux apportés par les commerçants indiens (fi g. 10). Les arts du textile prospèrent également dans les îles de la petite Sonde, notamment sur celles réputées pour leur production d’ikat : Sumba, Sabu, Rote, Flores, Lembata et Timor. L’OCÉANIE PROCHE La linguistique prouve que les migrants austronésiens ont suivi la côte nord de la Nouvelle-Guinée pour arriver aux archipels Bismarck et Salomon, contrées déjà peuplées par des Papous. La répartition irrégulière des langues austronésiennes le long du littoral nord de la Nouvelle-Guinée suggère que les nouveaux arrivants se sont essentiellement installés sur des îlots au large des côtes, vraisemblablement parce que la côte continentale était défendue par les Papous FIG. 7 (CI-DESSOUS) : Cheval pour une danse de possession kuda lumping. Populations javanaises, Wonosobo, Java central, Indonésie. Fin du XXe siècle. Bois, bambou, fi bres végétales, peinture, cheveux et cordage. L. : 113,5 cm. Don de Susan P. Fuller, Fowler Museum at UCLA, inv. X99.5.36. Avec l'aimable autorisation du Fowler Museum at UCLA, photo : Don Cole, 2016. FIG. 8 (EN BAS À DROITE) : Figures de divinités. Populations balinaises, probablement Sanur, Bali, Indonésie. Années 1930 ou avant. Alliage cuivreux, textiles en coton et en soie, fi bres végétales, bois, peau, imitations de gemmes, tiges de métal, feuilles d'or et laque. H. : 48 cm. The Katharane Mershon Collection of Indonesian Art, Fowler Museum at UCLA, inv. X61.77, X61.78. Avec l'aimable autorisation du Fowler Museum at UCLA, photo : Don Cole, 2014. FIG. 9 (PAGE DE DROITE, EN HAUT) : Élément de façade d'un grenier. Sa’dan Toraja, Tondon, Sulawesi du Sud, Indonésie. Début du XXe siècle. Bois et peinture. H. : 211 cm. Don du Dr et de Mme Robert Kuhn, Fowler Museum at UCLA, inv. X85.855. Avec l'aimable autorisation du Fowler Museum at UCLA, photo : Don Cole, 2014. FIG. 10 (PAGE DE DROITE, EN BAS) : Textile cérémoniel. Sa’dan Toraja, Sulawesi du Sud, Indonésie. Première moitié du XXe siècle ? Coton teint. 178 x 81 cm. Don d'E. M. Bakwin, Fowler Museum at UCLA, inv. X2002.37.25. Avec l'aimable autorisation du Fowler Museum at UCLA, photo : Don Cole, 2014. MUSÉE à la Une
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