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87 FIG. 9 (À DROITE) : Figure masculine. Baule, Côte d’Ivoire. Fin XIXe-début XXe siècle. Ex-coll. Paul Guillaume ; Leon Bachelier. Collection privée. © Philippe Fuzeau. FIG. 10 (CI-DESSUS) : Han Coray vers 1920. Tirage photographique. © Pieter Coray Collection. DADA GALERIE Dada Afrika prend ses racines dans la toute première exposition dada qui s’est tenue à la galerie de Han Coray à Zurich en 1917 sous le titre : Dada. Cubistes. Art Nègre. Véritable première en Suisse, cette manifestation présentait des oeuvres d’art africain aux côtés de créations d’avant-garde européenne et proposait une réfl exion sur les relations entre des arts au-delà de leurs origines culturelles (fi g. 8). Pédagogue réformateur suisse et passionné d’art africain, Han Coray (1880-1974) tenait une galerie dans les années 1916 et 1917. Proche des artistes dada, Coray mit son espace à disposition du mouvement. Aussi, la galerie Coray devint elle le centre d’activité dadaïste après la fermeture du Cabaret Voltaire, et Coray lui-même fut-il considéré comme l’un des acteurs fondamentaux de la « naissance de Dada ». Cette étape fut marquée par un détournement de l’intérêt des artistes pour les soirées performatives, au profi t de l’organisation d’expositions et de débats sur l’art. Ces événements ont bénéfi cié notamment du soutien de Tristan Tzara – porte-parole de ce mouvement international – et du marchand parisien Paul Guillaume, qui prêta en l’occurrence les pièces africaines pour la première exposition de 1917 (fi g. 9). Dada apparaît ainsi comme un véritable catalyseur pour le commerce d’art africain, contribuant à la naissance et au développement de collections privées d’art africain, dont celle bien entendu de l’auteur des « Poèmes nègres », Tristan Tzara, et celle de Han Coray (fi g. 10), l’un des plus grands collectionneurs suisses de son temps dont le Museum Rietberg conserve encore deux cent cinquante pièces uniques lui ayant appartenu (fi g. 11). L’infl uence réciproque du marché de l’art d’avant-garde et de l’art africain est également visible à travers la photographie, comme en témoigne l’exemple de Man Ray. Établi à Paris en 1921, ce dernier développa une oeuvre singulière reposant largement sur des artefacts africains fournis par Paul Guillaume et fi gurant désormais au rang d’icônes de l’histoire de l’art. À côté de ses photographies, Man Ray produit également des ready-mades à partir d’objets trouvés. L’Idole du pêcheur illustrée en fi gure 12, par exemple, a été fabriquée à partir d’objets fl ottants. Elle rappelle fortement, par ses formes, des statuettes d’ancêtres des îles de Pâques (fi g. 13).


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