Page 78

T80F

MUSÉE à la Une MATAHOATA Arts et société aux îles Marquises Par Carol S. Ivory En marquisien, mata signifi e à la fois le visage et l’oeil. Le terme hoata peut quant à lui revêtir plusieurs signifi cations, notamment clair, pur, transparent, brillant et blanc. L’association de ces deux mots sert à désigner un motif bien précis de tatouage marquisien et évoque également 76 la notion d’un oeil ou d’un regard averti. Cette notion renvoie à celle de matavaa, qui veut dire « se réveiller » ou « ouvrir les yeux ». De nos jours, matavaa est le nom du festival des arts marquisiens qui se déroule tous les deux ans. Ce terme renvoie également à l’éveil des jeunes à la culture des Marquises. L’exposition Matahoata – Arts et société aux îles Marquises, à l’affi che au musée du quai Branly jusqu’au 24 juillet, s’attache à présenter la richesse des arts de la Terre des Hommes, Te Henua Enana ou Te Fenua Enata1, afi n que les visiteurs puissent l’admirer et l’apprécier. Plus de trois cents objets, exposés dans leur contexte historique, témoignent de la pérennité du canon esthétique marquisien du XVIIIe siècle à aujourd’hui. Ils sont accompagnés de dessins, notamment quelque vingt portraits de Marquisiens dont les noms sont connus pour la plupart. Des photos, des livres et des vidéos mettent en lumière des individus, des objets ou des idées revêtant une importance particulière. Cette exposition d’art des Marquises est la plus grande et la plus complète jamais organisée sur le sujet. Les objets présentés proviennent en grande partie du musée du quai Branly. Des prêts issus de musées en province, ainsi que des objets de musées et de collectionneurs privés d’Allemagne, de Grande-Bretagne et de Suisse complètent la sélection. L’exposition a été conçue de manière chronologique et comprend sept parties, dont cinq sont dédiées aux arts de la fi n du XVIIIe siècle et des premières décennies du XIXe siècle, époque à laquelle la culture marquisienne ne subissait pratiquement aucune infl uence occidentale. La première partie commence avec une légende très appréciée dans la région racontant la création de l’archipel à travers l’histoire de la construction, en l’espace d’une seule nuit, de la maison que le dieu Atea conçut pour sa femme, Atanua. Les noms des différentes îles désignent FIG. 1 (CI-DESSUS) : Ornement ivi poo. Îles Marquises. XIXe siècle. Os humain. H. : 4 cm. Ancienne collection James Hooper, Royaume-Uni. Musée de Tahiti et des îles - Te Fare Manaha, inv. 80.08.03. © Musée de Tahiti et des îles - Te Fare Manaha, photo : Danee Hazama. FIG. 2 (À GAUCHE) : Sculpture anthropomorphe fi gurant un tiki. Îles Marquises. XIXe siècle. Bois. H. : 38 cm. Musée du quai Branly, inv. 71.1887.31.25. © mqB, photo : Claude Germain. FIG. 3 (PAGE DE DROITE) : Sculpture anthropomorphe fi gurant un tiki. Îles Marquises. XIXe siècle. Bois. H. : 117 cm. Musée du quai Branly, inv. 70.2000.12.1 © mqB, photo : Patrick Gries, Bruno Descoings.


T80F
To see the actual publication please follow the link above