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FREDERICK CATHERWOOD 151 FIG. 15 (À GAUCHE) : Intérieur du bâtiment principal à Kabáh. Planche 17 de Frederick Catherwood : Views of Ancient Monuments in Central America, Chiapas, and Yucatan, Londres, 1844. Avec l’aimable autorisation de la Mortimer Rare Book Room, Neilson Library, Smith College. FIG. 16 (CI-DESSOUS) : Résidence du Gouverneur, Uxmal. Dépliant en neuf panneaux en frontispice d’une gravure d’après Catherwood. Extrait de John L. Stephens : Incidents of Travel in Yucatan, New York, 1843, vol. I. 23 x 130,5 cm. chefs-d’oeuvre d’Égypte. Ils rencontrent quelques diffi cultés avec le propriétaire foncier, mais parviennent à conclure la location du bien pour cinquante dollars. Catherwood reste sur place plusieurs semaines pour documenter les vestiges, puis se rend à Quiriguá, malgré des crises de paludisme. Stephens et Catherwood rejoignent ensuite Palenque, où ils séjournent pendant un mois avant de mettre le cap sur Uxmal. La santé de Catherwood se dégrade et les deux hommes sont contraints de rentrer à New York. Catherwood demande à plusieurs artistes de créer des gravures à partir de ses dessins. Celles-ci seront utilisées pour illustrer le récit de l’expédition écrit par Stephens, Incidents of Travel in Central America, Chiapas and Yucatan, publié en 1841. Réalisées à la hâte, elles offrent un parfait contrepoint au texte de Stephens édité en deux volumes et vendu avec grand succès dès sa parution en dépit de son prix de cinq dollars, relativement élevé pour l’époque. Stephens et Catherwood embarquent une nouvelle fois en direction de l’Amérique centrale le 9 octobre 1841. Grâce à un repérage des sites mayas bien plus rigoureux que lors de leur précédent voyage dans la région, ils peuvent reprendre leur travail à Uxmal et visitent ensuite pas moins de quarante-trois autres sites, notamment Mayapán, Chichén Itzá, Tulum et Izamal. Les conditions sont rudes et tous les membres de l’expédition connaissent des problèmes de santé. Pourtant, dans ses écrits, Stephens souligne souvent la persévérance de Catherwood, auteur infatigable de dessins techniques détaillés malgré des conditions de travail hostiles. Ils repartent vers New York le 18 mai 1842 et montent une exposition dans la rotonde de Soho avec les artefacts mayas qu’ils avaient collectés et les dessins de Catherwood des deux expéditions. Fin juillet, le bâtiment est dévasté par un incendie. Près de la totalité des dessins et des peintures de Catherwood furent dévorés par les fl ammes. Heureusement, la création de gravures avait déjà commencé. Les résultats fi gurent dans le livre de Stephens paru en 1843, Incidents of Travel in Yucatan, qui, comme le précédent, rencontre un immense succès. Au départ, ils souhaitaient créer un in-folio plus visuel, mais n’avaient pu trouver d’éditeur. En 1844, Catherwood lui-même publie une version abrégée du livre sous le titre Views of Ancient Monuments in Central America, Chiapas and Yucatan. L’ouvrage contient vingt-cinq plaques de six lithographes différents ayant travaillé sous la houlette de Catherwood. Il n’est produit qu’à trois cents exemplaires. Catherwood reprend ensuite ses fonctions d’architecte à New York, avant de travailler dans le secteur ferroviaire en Amérique du Sud et centrale, en partie grâce à Stephens, qui s’était lui aussi lancé dans ce domaine. En proie à de nouvelles crises de paludisme, il part pour San Francisco en 1850 attiré par les opportunités offertes par la ruée vers l’or en Californie. Il retourne en Angleterre en 1852 pour gérer ses affaires, notamment de nouvelles éditions du livre de Stephens. Le 20 septembre 1854, il embarque à bord du SS Arctic en partance pour New York. Sept jours plus tard, le paquebot fait naufrage au large de Terre-Neuve. On ne compte que quatre-vingt-cinq survivants, majoritairement des membres de l’équipage. Catherwood n’en fait pas partie. Pendant sa collaboration avec Stephens, Catherwood a construit un patrimoine visuel impérissable témoignant de la grandeur de la civilisation maya. Bien que Catherwood et Stephens n’aient presque rien « découvert », puisque la plupart des sites visités étaient déjà bien connus des autochtones, leur travail a constitué une base solide pour les recherches ultérieures et a servi à renforcer considérablement l’intérêt populaire pour les anciennes cultures d’Amérique centrale. Leurs périples en Égypte et au Moyen-Orient leur ont permis d’établir l’absence de lien direct entre les cultures de l’Ancien Monde et celles du Nouveau, mais également de reconnaître que ce dernier avait parfaitement sa place parmi les grandes civilisations de l’Antiquité.


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