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PORTFOLIO FIG. 1 (CI-DESSUS) : La seule image existante de Frederick Catherwood. Il s’agit d’un petit autoportrait extrait de l’une de ses gravures. Détail de la planche 24 de Frederick Catherwood : Views of Ancient Monuments in Central America, Chiapas, and Yucatan, Londres, 1844. Avec l’aimable autorisation de la Mortimer Rare Book Room, Neilson Library, Smith College. FIG. 2 (PAGE SUIVANTE, À GAUCHE) : Idole à Copán. Planche 1 de Frederick Catherwood : Views of Ancient Monuments in Central America, Chiapas, and Yucatan, Londres, 1844. Avec l’aimable autorisation de la Mortimer Rare Book Room, Neilson Library, Smith College. 142 Frederick Catherwood et la redécouverte des Mayas La grandeur de la civilisation maya n’était déjà plus qu’un lointain souvenir au moment des premiers contacts entre l’Europe et la Méso-Amérique. Recouvrant un territoire représenté aujourd’hui par le Guatemala, le Belize, le sud du Mexique et l’ouest du Honduras et du Salvador, les vestiges des villes en pierre mayas constituaient encore d’importants points de repère lors de la Conquête. Plus de trois siècles plus tard, divers ouvrages de John Lloyd Stephens et Frederick Catherwood ont contribué à documenter avec précision ces constructions remarquables. Ces derniers n’ont pas été les premiers à décrire les sites mayas. Les récits les plus anciens remontent à l’époque des premiers missionnaires catholiques, notamment l’évêque Diego de Landa qui rédigea en 1566 un compte rendu détaillé de l’histoire, de la religion et de la culture mayas. Entre 1584 et 1589, le moine franciscain Antonio de Ciudad Real parcourut la Nouvelle-Espagne, y compris la région maya, et consigna ses observations de manière très complète. En 1576, Diego García de Palacio effectua une visite – dénuée de tout caractère religieux – dans les ruines de Copán, à la suite de laquelle il élabora une théorie recherchée, quoique fort spéculative, les associant aux vestiges découverts dans les États du Yucatán et du Tabasco. Les recherches conduites par l’architecte Antonio Bernasconi à Palenque en 1784-1785 furent les premiers travaux réalisés de façon méthodologique. Se fi ant à plusieurs autres rapports offi ciels, le gouverneur d’origine irlandaise de Petén, John « Juan » Galindo, prit la tête d’une expédition en 1834 qui passa par bon nombre de sites mayas, notamment Copán. Dans ce climat d’effervescence, Stephens et Catherwood se démarquèrent par la documentation abondante dont ils furent à l’origine et – surtout – par leur capacité à la diffuser auprès d’un large public. Ils s’écartèrent également de l’opinion partagée par de nombreux observateurs du Par Jonathan Fogel XIXe siècle qui attribuaient les grandes oeuvres d’art et d’architecture de l’ancien continent américain à des tribus perdues d’Europe ou d’Égypte, voire aux peuples des continents engloutis de l’Atlantide ou de Mu. Frederick Catherwood est né à Londres le 27 février 1799. Après une formation en architecture, il participe à un programme d’art organisé par la Royal Academy. Inspiré par les dessins de Giambattista Piranesi, il se rend à Rome en 1821 et parcourt le pays ainsi que la Sicile, réalisant des croquis de monuments et d’anciens sites. À la fi n de l’année 1822, il visite la Grèce pour poursuivre son projet, mais la guerre d’indépendance grecque et les confl its civils ultérieurs l’en empêchent. Il fuit la Grèce en 1824, voyage vers Le Caire en tenue traditionnelle et remonte le Nil jusqu’en Nubie, illustrant les vestiges qu’il croise sur sa route. Catherwood revient en Angleterre en 1826 et travaille brièvement dans le domaine de l’architecture. En 1828, quelques-uns de ses dessins réalisés en Égypte sont exposés à la Royal Academy. Cette exposition le rapproche de Robert Hay, qui mène au même moment une vaste expédition de repérage en Égypte et invite Catherwood à le rejoindre. Au cours de ce périple, Catherwood perfectionne une technique d’illustration sophistiquée impliquant une chambre claire, un dispositif optique qui utilise des lentilles pour superposer l’image d’un objet sur un miroir semi-transparent incliné selon un certain angle, permettant ainsi à l’artiste de reproduire l’image sur papier. Il crée des représentations extrêmement précises d’anciens monuments de Gizeh, Saqqarah, Abydos et Thèbes avant de partir en 1833 pour la Terre sainte. De nouveau vêtu d’un costume traditionnel, il immortalise des vestiges en Syrie et au Liban. Après avoir convaincu les gardiens de la mosquée qu’il n’est pas un infi dèle, il passe plusieurs semaines à documenter le dôme du Rocher de Jérusalem dans les moindres détails. Catherwood revient ensuite en Angleterre. Ses oeuvres


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