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132 a b c d ART et Loi Loi et identifi cation de l’art tribal à base d’ivoire et de ses substituts puisque, au cours de ces dernières décennies, la population de cachalots – l’une des espèces dont les dents étaient le plus prisées – a connu une recrudescence4. Le champ d’application des réglementations régissant la chasse à la baleine englobe également les narvals, qui font par ailleurs l’objet de lois spécifi ques. Dans les eaux territoriales canadiennes et américaines, la chasse au narval est ouverte exclusivement aux populations inuites et jugée illégale si elle est pratiquée à des fi ns commerciales et par des non-Inuits. LÉGISLATION En matière d’art tribal on peut défi nir « l’ivoire » comme étant toute dent ou défense travaillée par et pour une population indigène à des fi ns rituelles, artistique ou utilitaires. Cette défi nition s’oppose à l’ivoire ouvragé dans un but commercial. On comprend bien que les objets d’art tribal en ivoire, critère d’authenticité oblige, seront généralement vieux de plusieurs décennies, voire de centaines d’années. Dès lors, une grande partie de la législation en vigueur apparaît inutilement draconienne aux yeux des collectionneurs, marchands et musées dont l’intérêt ne porte que sur les objets anciens. Il convient néanmoins de garder à l’esprit que ces lois sont destinées à protéger les espèces menacées et que bon nombre des objets contemporains sculptés dans de l’ivoire sont abusivement qualifi és d’anciens. Appréhender le commerce international sous l’angle juridique est par nature complexe. Le commerce de l’ivoire n’échappe pas à cette règle. Il est régi à la fois par les lois du pays duquel sont exportés les biens et par celles du pays Les efforts croissants et soutenus déployés par les organismes gouvernementaux afi n de protéger certaines des espèces les plus menacées, en particulier les éléphants, ont donné lieu à une surveillance accrue du commerce mondial de l’ivoire. Ces dernières années, d’importantes limitations ont été imposées au commerce international de l’ivoire et, dans certains pays, des restrictions plus sévères, voire des interdictions presque totales, sont mises en oeuvre de plus en plus fréquemment, même si, comme l’atteste de façon irréfutable un article du World Policy Institute, l’économie sous-jacente du commerce de l’ivoire est manifestement trop puissante pour que ces interdictions se révèlent réellement effi caces1. Compte tenu de la gravité de la situation, un jugement approprié quant à la provenance de l’ivoire est absolument nécessaire à la réussite des efforts entrepris, d’une part, pour la sécurité des populations animales menacées et, d’autre part, pour permettre à ces objets d’art façonnés dans un matériau prestigieux de conserver leur valeur. Les lois les plus restrictives visent essentiellement l’ivoire d’éléphant, bien que la plupart des types d’ivoire soient également concernés par une forme de restriction. Le commerce contemporain de l’ivoire d’éléphant est directement lié au déclin des populations d’éléphants. Une statistique le confi rme : la population d’éléphants en Tanzanie a chuté de près de 60 % en seulement cinq ans environ2. La diffi culté d’appliquer une réglementation rationnelle qui favoriserait l’augmentation du nombre d’éléphants et protégerait l’art ancien indigène est en outre aggravée par la prolifération du braconnage ainsi que par l’inconsistance et le laxisme des lois adoptées par bon nombre des pays concernés3. D’autres formes d’ivoire sont également strictement réglementées. Après des siècles de pêche commerciale visant à obtenir de l’huile, de la viande et des dents, les populations de baleines sont désormais protégées par diverses instances et réglementations internationales. Celles-ci semblent effi caces Par Joseph Schames et Mayer Schames, avec la participation de Robert Paterson FIG. 1 (CI-DESSUS) : Coupe transversale d’une molaire humaine montrant ses éléments constitutifs. a- émail b- dentine c- cavité pulpaire d- cément Adapté de la planche 8 de The Natural History of the Human Teeth, Joseph Fox (Londres, Thomas Cox, 1803). FIG. 2 (CI-DESSOUS) : Coupe transversale d’une mâchoire de proboscidien montrant ses éléments constitutifs. FIG. 3 (À DROITE) : Figure de rang de la société du Bwami. Lega, RDC. Début du XXe siècle. Ivoire d’éléphant d’Afrique. L. : 13 cm. Don du Wellcome Institute for the History of Medicine, 1954. British Museum, Londres, inv. Af1954.+23.259. © The Trustees of the British Museum.


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