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GEORGES MEURANT 126 - collections et études africaines FIG. 1: Georges Meurant devant un fragment d’une de ses fresques murales à Bruxelles. Photo : Thierry Henrard, 2015. FIG. 2 (PAGE DE DROITE) : «Velours» Shoowa. Kasaï, RDC. Avant 1970. petites sculptures archaïques, j’allais dire tribales, fendillées jusqu’au coeur si fi nement que leurs fûts absorbaient la lumière comme le feraient de sombres velours. J’ai pensé à l’Afrique noire dont je n’avais pas vraiment regardé les oeuvres. Henrion m’a présenté aux acteurs bruxellois du marché des arts premiers – Willy Mestach, Pierre Dartevelle, Marc Leo Félix, Philippe Guimiot, Martial Bronsin notamment. J’ai acheté des sculptures oubanguiennes mi-abstraites mi- expressionnistes, un art naissant. J’aime les débuts. J’acquis pourtant aussi des oeuvres de cultures plus savantes, qui m’avaient touché. J’ai dessiné, gravé ou peint des représentations pendant un quart de siècle. Mon travail me parut de peu d’intensité en regard des oeuvres brodées ou sculptées que je réunissais dans mon atelier. J’ai tenté une oeuvre abstraite fondée sur une expérimentation de la couleur. J’ai renoncé aux courbes puis aux obliques pour fi nalement juxtaposer des rectangles en aplats de couleurs vives. Je ne me suis pas encore lassé de ces jeux. J’avais dressé, du simple au complexe, la morphogenèse du dessin kuba. Mon étude servit de catalogue à Pierre Thoma : Vous collectionnez des oeuvres d’arts primitifs. Vos études des dessins géométriques des Shoowa du Kasaï et des Mbuti de l’Ituri puis des sculptures tanzaniennes et oubanguiennes ont été largement diffusées.* Vous avez enseigné. Vous êtes l’auteur d’une peinture géométrique très colorée qui s’adresse aux particuliers mais aussi qui dynamise les surfaces de grands bâtiments publics. Quels rapports entre ces facettes de votre activité ? Georges Meurant : À quatorze ans je supportais mal des études gréco-latines très strictes. Mon père m’a invité à me distraire en dessinant le soir dans une école d’art. Je peignais l’année suivante. J’étais enseignant en art à vingt et un ans. En 1977 j’ai découvert chez Joseph Henrion, un sculpteur collectionneur de Ba-Kongo, deux broderies shoowa (RDC) dont la prégnance m’a fasciné. J’ai voulu comprendre leurs tracés géométriques. J’en verrai douze mille, j’en posséderai quelques centaines. L’année suivante, visitant le musée du Caire, j’ai pu me faire ouvrir des vitrines en sous-sol où s’entassent des Propos recueillis par Pierre Thoma PERSONNALITÉ


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