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d’écorce de mûrier à papier ornée de motifs noirs accentue la sombre beauté d’une remarquable coiffe en plumes des îles Cook présentée lors de l’exposition (fig. 17). Ce tissu fut peut-être utilisé lors de cérémonies funéraires exigeant le port de tenues confectionnées en étoffe d’écorce, sans doute aux îles Cook et aux îles de la Société. Les coiffes qui complétaient ces costumes masquaient le visage de leur porteur, en l’occurrence au moyen d’un petit voile en étoffe d’écorce. L’importance de ces vêtements déclina lorsque les populations du Pacifique eurent accès à des tissus importés fabriqués à la machine, mais cette tradition ne disparut pas pour autant. De nos jours, elle est encore importante dans de nombreuses régions, dans le cadre de cérémonies comme des spectacles de danse, des festivals, des investitures politiques, des mariages et des funérailles. Une robe de mariée fut commandée par le musée, financée par la New Zealand Society UK, des donateurs privés et le comité des acquisitions du British Museum (fig. 10). Elle fut réalisée en Nouvelle Zélande par la créatrice samoane réputée Paula Chan Cheuk en 2014. Ses robes sont très populaires car elles sont vues comme l’expression du patrimoine culturel samoen. La robe est un mélange de siapo blanc (étoffe d’écorce des Samoa) et d’un subtil nattage tressé, deux textiles très prisés. Elle illustre parfaitement l’approche des créateurs contemporains, qui considèrent l’étoffe d’écorce comme une matière flexible dotée d’une profonde signification culturelle. À Hawaï, les groupes dominants hula ont recommencé à porter des costumes de danse en étoffe d’écorce, contribuant au renouveau de cette tradition qui a débuté dans les années 1970. Une jupe remarquable fabriquée en kapa (étoffe d’écorce hawaïenne) atteste la créativité de l’artiste Dalani Tanahy (fig. 19), appartenant à un collectif d’artistes qui concevaient des costumes de danse pour les spectacles de hula début 2011. Pour relever ce défi, les artistes durent confectionner des tissus alliant solidité et souplesse afin de les adapter aux mouvements vigoureux des danseurs (fig. 20). Les motifs eux-mêmes continuent de changer – la jupe est ornée de nouveaux motifs appliqués au moyen de colorants traditionnels. Les dimensions sacrée et cérémonielle de l’étoffe d’écorce conservent leur importance et les motifs extrêmement reconnaissables et caractéristiques du Pacifique, qui décorent les tissus, demeurent étroitement liés à des communautés spécifiques. FIG. 17 (À DROITE) : Coiffe. Îles Cook du Sud. Début du XIXe siècle. Étoffe d’écorce, bois, fibres d’hibiscus, cuir, feuille de cocotier et plumes de poulet (?). Collectée par le Rév. John Williams. British Museum, inv. Oc,LMS.88. Achetée à la London Missionary Society, 1911. © The Trustees of the British Museum. FIG. 18 (CI-DESSOUS) : Chapeau de guerrier. Fleuve Markham, Morobe, Papouasie-Nouvelle-Guinée. 1910-1918. Écorce, fibre libérienne, fourrure de marsupial (cuscus) et plumes de cacatoès à huppe jaune. H : 41,5 cm. British Museum, inv. Oc1919,0718.54. Acheté à Frank H. Streeten, 1919. © The Trustees of the British Museum. FIG. 19 (EN BAS À GAUCHE) : Jupe de danse pa’u, par Dalani Tanahy, O’ahu, Archipel d’Hawaï. 2014. Écorce de mûrier à papier (Broussonetia papyrifera), noix, curcuma, ocre, charbon et noix des Moluques. British Museum, inv. 2014,2031.1. Commandée à l’artiste en 2014 avec le soutien financier du comité des acquisitions du BM. © The Trustees of the British Museum, avec l’aimable autorisation de l’artiste. FIG. 20 (CI-DESSOUS) : Danseuses de hula du groupe Halau Na Kipu’upu’u, Ka’auea, Hawaï, archipel d’Hawaï, 2011. Photo © Dino Morrow.


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