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126 FIG. 8 : Statuette de conjoint blolo bian. Baule, Côte d’Ivoire. Bois et pigments. H. : 45 cm. Musée Dapper, Paris, nº0172. PAGE SUIVANTE : FIG. 9 (À GAUCHE) : Statue-autel. Soninke, Mali. Datation au C14 : Xe siècle (ETH-12142 AD960 et AD865-1046). Bois et pigments. H. : 103 cm. Ex.-coll. Lester Wunderman. Musée Dapper, Paris, nº0068. FIG. 10 (À DROITE) : Statue. Dogon, Mali. Datation au C14 : XVIIe-XVIIIe siècle (ETH-10530 AD1610 et AD1770). Bois et pigments. H. : 81 cm. Ex.-coll. Lester Wunderman. Musée Dapper, Paris, nº0123. T. A. M. : L’exposition Chefs-d’oeuvre, que le musée présente, fait la part belle à la statuaire d’Afrique centrale (Cameroun et Gabon, principalement) et occidentale (Mali, Côte d’Ivoire, Ghana, Bénin). Est-ce révélateur du goût personnel de Michel Leveau ? C. F.-L. : La constitution d’une collection destinée à être présentée au public suit une logique particulière qui ne passe pas toujours par l’affi rmation de préférences individuelles. Le souci d’exhaustivité que nous venons d’évoquer en est une manifestation. Une autre est, par exemple, le soin que Michel Leveau a accordé à saisir les opportunités qui lui ont été données d’acquérir des ensembles prestigieux. Cela dit, la sensibilité de Michel Leveau transparaît dans chacune de ses acquisitions. Structurée en deux grandes sections, avec l’Afrique centrale au rez-de-chaussée et l’Afrique occidentale à l’étage, Chefs-d’oeuvre révèle un goût relativement classique. Michel Leveau était particulièrement touché aussi par le caractère iconique qu’avaient acquis très tôt certaines oeuvres, je pense à la Princesse bangwa et à la Vénus pahouine. À côté de cela, il manifestait aussi un intérêt prononcé pour des oeuvres moins évidentes à l’époque, comme les fi gures de reliquaires kota et mahongwe, beaucoup plus stylisées dans leurs formes, ou la statuaire dogon. L’une des pièces qu’il affectionnait le plus était justement une statuette soninké au bras levé qu’il avait fait analyser au carbone 14 pour en déterminer l’ancienneté. T. A. M. : Lorsque ces chefs-d’oeuvre n’étaient pas exhibés dans les vitrines du musée, avaient-il une place chez vous ? C. F.-L. : Non, pas du tout ! Cela ne veut pas dire qu’il n’y ait jamais eu d’objets chez nous, mais la Princesse bangwa n’a jamais trôné dans notre salon. T. A. M. : Dommage se dira certainement plus d’un collectionneur… C. F.-L. : Voilà une preuve de plus que Michel Leveau n’a jamais été un véritable collectionneur ! Il considérait que leur place était dans le musée. C’est là que je les admire. T. A. M. : Pour fi nir, permettez-moi d’en venir à la question que l’on doit vous poser de façon récurrente depuis la triste disparition de Michel Leveau : celle de l’avenir du musée et de sa collection. Votre contribution déterminante à cette aventure en tant que directrice du musée, commissaire des expositions et responsable des publications est de notoriété publique. Et, pendant ces trois ans, le musée n’a eu de cesse d’honorer et de renouveler l’engagement de Michel Leveau pour la diffusion des arts d’Afrique à travers sa riche programmation. Mais cette continuité est-elle garantie pour longtemps ? PERSONNALITÉ


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