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Michel Leveau et le musée Dapper 125 politiques récents. Michel Leveau s’est rendu à l’évidence que l’Afrique devait répondre – et c’est tout à fait naturel – à d’autres priorités plus urgentes que la culture, comme l’éducation et la santé. Son choix c’est alors porté sur Paris. Le projet s’est développé ensuite lorsque nous nous sommes rencontrés : il recherchait quelqu’un pour le concrétiser. La Fondation Dapper a vu le jour en 1983 et, trois ans plus tard le musée, du nom d’un humaniste néerlandais du XVIIe siècle à qui l’on doit un ouvrage emblématique, Description de l’Afrique, qu’il rédigea sans jamais s’être rendu sur le terrain et qui fut publié en 1668. T. A. M. : La référence à Olfert Dapper est récurrente dans le discours du musée, notamment à travers ses publications. Ce personnage a-t-il infl uencé Michel Leveau dans sa façon de collectionner ? C. F.-L. : Peut-être pas consciemment. À l’instar de Dapper, Michel Leveau n’a jamais été en Afrique pour accomplir son « oeuvre ». Aucune acquisition n’a été faite sur le terrain, Il achetait exclusivement en Occident, dans les salles de vente, notamment chez Sotheby’s, dans des galeries parisiennes, et aussi auprès de collectionneurs privés. C’était un connaisseur à l’oeil sûr et sensible aux pedigrees. Les provenances Ratton, Rubinstein, Epstein, de Miré qu’affi chent de nombreuses pièces de la collection en attestent. Bien qu’il n’eût rien d’un mondain , Michel Leveau faisait partie d’un petit groupe de connaisseurs très actif à Paris où se trouvaient André Fourquet et Hubert Goldet notamment. T. A. M. : Un autre clin d’oeil à Olfert Dapper pourrait être la nature encyclopédique de la collection du musée ? C. F.-L. : Tout à fait ! Certes, la beauté d’une pièce était importante pour Michel Leveau, mais toutes ses acquisitions ne répondaient pas uniquement à un impératif esthétique. Si cela avait été le cas, d’ailleurs, la collection du musée n’aurait jamais pu atteindre l’ampleur qui la caractérise aujourd’hui, avec près de quatre mille objets. Des pièces ont retenu l’attention de Michel Leveau car, du point de vue des caractéristiques stylistiques d’une région ou d’un peuple, elles faisaient sens à ses yeux. En outre, la cinquantaine d’expositions temporaires organisées par le musée a également été un vecteur signifi catif d’élargissement de la collection, car parfois une nouvelle thématique explorée a entraîné l’achat de nouvelles pièces. Michel Leveau a eu très vite l’intelligence de comprendre qu’il fallait privilégier une démarche didactique capable de nourrir la soif de comprendre et de savoir de nos visiteurs.


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