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108 cône. Cette sculpture, appelée localement paki, était sensée porter chance pour la chasse et la pêche ou pour obtenir de très beaux tubercules d’ignames. La troisième (n° 14), dont on ne voit que la tête, est cependant reconnaissable à la forme particulière de celle-ci (Specht, 1988 : 6-7) avec un fi let recouvrant des cheveux plantés sur la partie arrière (E.46 361, fi g. 10). Elle fut collectée dans le village d’Andua et elle représente un homme accroupi sur un socle formé par trois troncs de cône (Howarth, 2015a : 121). Celui-ci était sensé être un gardien de maison des hommes. La sculpture (n° 7) située devant les jambes de Wauchope (E.46 363) fut collectée dans un village biwat et représente un homme accroupi, soit un esprit gardien de la maison des hommes16, juché sur deux troncs de cône. La dernière sculpture (n° 2) retrouvée au musée (E. 46 364, fi g. 12) représente également un gardien de maison des hommes accroupi sur un seul tronc de cône17.. Selon la fi che, il avait pour fonction d’avertir l’assemblée de l’arrivée d’un intrus lors de l’initiation des jeunes gens. La sculpture (n° 17) au buste très élancé et assise sur un tronc de cône unique présente des ressemblances frappantes avec une sculpture exposée par la galerie Nasser & Co en 2010 lors de Parcours des mondes à Paris (fi g. 13). Cette dernière a appartenu successivement aux collections de Philip Budrose, Charles W. Mack et Norman Hurst. Quatre autres sculptures représentant des personnages accroupis sur des socles en forme de tronc de cône (n° 3, n° 11 et n° 18) n’ont pas été retrouvées dans les réserves de l’Australian Museum. La n° 12 est assez similaire à une sculpture du même type achetée chez Burns Philps à Rabaul par les membres de l’expédition de La Korrigane (Coiffi er, 2001 : 21 et 201). Une petite sculpture représentant un buste de forme humaine sans bras ni jambes (n° 8) semble être le même objet que l’on peut voir sur une photographie conservée au Metropolitan Museum of Art de New York. Les cinq petites sculptures (n° 1, n° 4, n° 10, n° 15, n° 16) représentant des hommes assis avec les mains sur les genoux n’ont également pas été retrouvées. On devine la présence d’un bouchon de fl ûte déposé sur le sol (n° 9). Correspond-il à l’un des deux bouchons (E.46 232, fi g. 15, et E.46 231, fi g. 16) de la collection Wauchope conservés à l’Australian Museum18 ? Les autres pièces plus petites déposées dans l’herbe ne sont pas identifi ables. Les quatre objets biwat que le couple Wauchope offrit aux membres de l’expédition de La Korrigane vinrent s’ajouter aux deux bouchons de fl ûte achetés par ces derniers dans le magasin Burns Philps de Rabaul, un mois et demi auparavant. Ces derniers bouchons provenaient peut-être d’une partie de la collection d’objets biwat collectés par Margaret Mead en 1932 et vraisemblablement détournée par Robert Overall, auquel l’ethnologue avait demandé de l’envoyer à New York. Les voyageurs de La Korrigane ont donc rapporté à Paris six bouchons de fl ûte biwat (ou prétendus tels) et des éléments de peinture sur pétioles de palmes (Coiffi er, 2013) sans jamais avoir visité la région du fl euve Yuat. Plus tard, en décembre 1961 lors de la vente à Drouot de la collection Korrigane, trois bouchons de fl ûte seront vendus, sous les numéros 111, 112 et 113 du catalogue de la vente publique (fi g. 17). Parmi ceux-ci, deux provenaient du don d’Ernest Wauchope et un d’un achat chez Burns Philps à Rabaul17. L’un des objets donnés par le couple Wauchope19 a été retrouvé dans une collection privée. Il ne semble pas que ce fut un bouchon de fl ûte, mais plutôt un charme. Les trois autres n’ont pas encore été localisés. SCULPTURES BIWAT ET ANDUAR DU FLEUVE YUAT Au début des années 1930, les Anduar (ou Andoar)20, parlant une langue pondo de la région d’Angoram, vivaient en aval du fl euve Yuat à la confl uence avec le Sepik dans les six villages d’Andua, Kundima, Agrumara, Yuarimo, Kausimbi et Sapalu. Les Biwat (appelés Mundugumor par l’ethnologue Margaret Mead), parlant une langue de la famille linguistique yuat, étaient établis en amont du fl euve Yuat au-delà d’un no man’s land dans les six villages de Biwat, Branda, Akuran, Kinakaten, Andafugan et Dowaning représentant un millier de personnes. Les villages établis sur les berges de ce fl euve aux eaux tumultueuses n’étaient contrôlés par l’administration australienne que depuis quelques années. Les objets collectés par Wauchope ne peuvent provenir que des villages du fl euve Yuat (Anduar, Biwat et Bun) ou de celui de Kambot au bord du fl euve Keram, si l’on se réfère au voyage de septembre 1935 décrit par Sarah Chinnery et précédemment exposé. Une question se pose au sujet des grandes sculptures conservées à l’Australian Museum ; celles-ci sont peintes en partie avec des pigments de couleurs locales, blanches et ocrerouge, particulièrement sur le visage. Une autre sculpture de même type (E.87 395) mais de facture plus grossière, non collectée par Wauchope, présente des traits de couleurs industrielles blanches, rouges et bleues, sur toutes les parties du corps. Elle serait selon Crispin Howarth (2015 : 101) la plus ancienne de la série. Toutes les sculptures collectées par Wauchope sont agrémentées de cordelettes nouées autour des chevilles ou passées au travers des oreilles percées et du septum nasal. Un pagne en fi bres de sagoutier est noué autour des hanches de ces sculptures. Ces attributs en très bon état de conservation, comme les peintures d’ailleurs, indiquent que ces sculptures n’ont vraisemblablement pas été utilisées comme faîtage extérieur, sinon le ruissellement DOSSIER


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