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Ernest Wauchope 107 généreux sauveteurs (Coiffi er, 2014 : 129). Quelques jours plus tard, le 12 octobre, les voyageurs de La Korrigane rencontrent au village de Mindimbit Bob Overall et un certain McGregor avant d’amorcer leur descente du fl euve vers la mer (Coiffi er, 2014 : 136). LE DESTIN DES OBJETS PHOTOGRAPHIÉS PAR CHARLES VAN DEN BROEK ? Si un spécialiste des arts du Pacifi que, comme Douglas Newton, savait où se trouvaient les objets visibles sur la photographie de Charles van den Broek conservée à la photothèque du musée de l’Homme (et maintenant au musée du quai Branly), aucune publication n’en fait état à notre connaissance. Dans une lettre11 adressée au mois de juin 1935 au secrétaire de l’Australian Museum, Ernest Wauchope, de retour d’un voyage sur le Sepik, regrette l’interdiction qu’il lui a été faite de collecter de crânes humains surmodelés et il fait remarquer qu’un Danois12 en a acquis quelques-uns dans les derniers trois mois. Il signale également qu’un missionnaire allemand, le père Kirschbaum a constitué depuis vingt ans pour les musées allemands une vaste collection. Il conclut ce courrier en indiquant qu’il a « sécurisé » quelques très beaux spécimens anciens dont de grandes fi gures de maisons des hommes ainsi que des fl ûtes sacrées. Une photo non datée de Sarah Chinnery (Fortune, 1998 : 145) montre en effet quelques objets rassemblés par Wauchope, des poteries du village d’Aïbom et plusieurs objets (masques et crochets) provenant de la région Biwat. Dans un courrier suivant13, écrit vraisemblablement à Angoram au bord du Sepik, Ernest Wauchope annonce l’envoi sur le navire Montoro d’une collection d’objets provenant du Moyen-Sepik et particulièrement du Bas-Sepik. Une lettre de la société de transit Rudder Ltd confi rme cet envoi vers Sydney à partir du port de Madang14. Il s’agit vraisemblablement des objets visibles sur la photographie, mais aucun inventaire de cet envoi n’a été retrouvé dans les archives. L’homme en costume blanc à gauche de la photographie de Charles van den Broek se trouve donc bien être Ernest Wauchope. On aperçoit sur le sol, entre une impressionnante collection d’objets, le cordage d’amarrage de son bateau, le Balongot. Pour faciliter le repérage de chacune des oeuvres que nous évoquons dans cet article, nous avons numéroté une vingtaine d’objets visibles sur la photographie. Un certain nombre d’autres pièces de petite taille déposées dans l’herbe ne sont pas identifi ables. Les fi ches d’objets de l’inventaire de l’Australian Museum ont permis le repérage d’au moins dix pièces présentes sur l’image. Nous avons pu examiner celles-ci en 2007 durant une visite dans les réserves de ce musée (fi g. 6a-b). Trois sculptures (E.46 360, E.46 361 et E.46 362) ont d’ailleurs été reproduites sur la première de couverture d’un catalogue de l’Australian Museum intitulé Pieces of Paradise (Specht, 1988). La légende indique leur acquisition par le musée en 1938, sans mentionner le nom du collecteur. Il est assez diffi cile d’identifi er ces oeuvres, sur la photographie, mais certains détails représentent des preuves formelles. La plus grande d’entre elles (n° 5) de 131 cm de hauteur a été collectée à Dimiri15 (E.46 362). Elle représente une jeune femme pubescente debout sur un socle constitué de quatre troncs de cône (fi g. 5 et 6b). Elle aurait été placée, selon la fi che d’inventaire, à l’intérieur d’une maison où devaient s’isoler les femmes durant leurs périodes menstruelles. Provenant du village d’Andua, un masque gugu (n° 6), dont l’arrière est garni d’un large fi let, se trouve posé sur la tête de la sculpture précédente et en modifi e la lecture visuelle. Il s’agit vraisemblablement du masque E.46 315 (fi g. 7) illustré également dans le catalogue (Specht, 1988 : 4-5). Ernest Wauchope a collecté deux autres masques de danse tumbai (E.46 313, fi g. 8, et E.46 314, fi g. 9) dans des villages anduar, dont celui de Sapalu. Les deux autres oeuvres illustrées sur la couverture du catalogue ne sont que partiellement visibles sur la photographie, mais certains détails ne laissent que peu de doutes. Celle en second plan (n° 13) provient d’un village Biwat (E.46 360, fi g. 10). Elle représente un homme debout sur un socle constitué de deux troncs de FIG. 5 : Couverture du catalogue de l’exposition de 1988 Pieces of Paradise, éd. J. Specht. Sculptures conservées à l’Australian Museum, n°E.46.362, E.46.360, E.4.6361. Avec l’aimable autorisation de l’Australian Museum. Toutes les pièces reproduites dans cet article proviennent de l’aire Biwat, fl euve Yuat, Province du Sepik de l’est, PNG. FIG. 6a-b : Sculptures E.87.395 (non collectée par E. Wauchope), E.46.364 (à gauche) et E.46-362 (à droite) photographiées dans les réserves de l’Australian Museum. Photographies de l’auteur réalisées pendant son séjour d’étude à l’Australian Museum, 2007.


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