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Musée à la Une collection qui comporte plusieurs joyaux du musée de Bâle. Toutes ces missions de terrain, et plus particulièrement celles effectuées par des chercheurs rattachés au musée de Bâle, aboutirent à l’élaboration d’une carte stylistique qui s’affi na petit à petit. La plus récente fut publiée par Christian Kaufmann11. Le propos de l’exposition n’est pas de revenir sur cette question. Cependant, afi n de clarifi er quelques points restés obscurs, nous avons, dans la mesure du possible, sélectionné des objets dont le village d’origine était connu. Ou tout au moins celui de leur collecte. Car le Sepik présente un cas intéressant et retors d’attribution d’objets à une région ou un groupe linguistique précis. Un cas suffi ra à démontrer cette complexité. Il s’agit des masques, dits yuat, si l’on reprend 78 le nom de l’affl uent du Sepik ou biwat si l’on reprend le nom de la population. D’après Margaret Mead12 ces masques sont produits dans les villages installés au confl uent de l’embouchure de la Yuat et du Sepik. Ils appartiennent donc au groupe linguistique angoram. Dans cette région, ils étaient accrochés sur les façades des maisons des hommes. Lorsqu’un chef de clan biwat voulait organiser une cérémonie d’initiation, il achetait au groupe angoram un ou plusieurs masques, et le(s) fi xait sur de grandes fi gures de crocodiles en vannerie qui ingurgitaient puis recrachaient les novices lors des rituels d’initiation. Cet exemple montre la diffi culté de la recherche dans le Sepik et illustre surtout que l’élaboration d’une carte stylistique du Sepik demeure un exercice vain en ce sens qu’il dresse des barrières là où règne une circulation fl uide des objets. Pour rendre compte de la diversité des formes du Sepik, quelque deux cent trente pièces ont été sélectionnées dans les musées allemands ou bâlois dont la richesse des collections reste insoupçonnée. Certains de ces objets rentrent dès la fi n du XIXe siècle dans les collections. L’un des plus anciens, un petit tambour à fente, du type de ceux que l’on trouve dans les maisons familiales, est de façon un peu surprenante conservé au musée du quai Branly. Il fut donné par le prince Roland Bonaparte en 1888. Mais de nombreux autres objets sont issus de collectes plus récentes. Tous donnent une image de la société telle qu’elle existait au XXe siècle. Ce qui ne veut pas dire que de nos jours certains usages ou rituels soient morts. On serait probablement étonné de trouver dans la vallée du Sepik la permanence des savoirs et des connaissances rituels. Toutes les pièces de l’exposition ont été choisies pour leurs qualités formelles et certaines comptent parmi les icônes de l’art du Sepik. D’autres sont moins connues voire inconnues. On laissera au visiteur la joie de la découverte. FIG. 4 : Crochet. Iatmul, village de Yentchanmangua. Bois, cheveux, rotin, terre et pigment ocre rouge. H. : 126 cm. Collecté probablement lors de la Kaiserin-Augusta-Fluss- Expedition de Berlin, 1912-1913. Ancienne collection Barbier-Mueller, Genève ; acquis par le musée en 2011. Paris, musée du quai Branly, © Musée du quai Branly, photo : Claude Germain.


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