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76 Pour les habitants du Sepik, le fl euve est né de l’action d’un être primordial. Un mythe raconte comment un crocodile donna naissance à la terre ferme en fouettant de sa queue l’eau qui l’entourait. Il provoqua ainsi la coagulation de la terre, qui, s’accumulant, donna naissance aux berges du fl euve. Un autre mythe raconte que la terre serait née de l’action d’un serpent qui forma dans sa bouche des petites boulettes de terre projetées méthodiquement et effi cacement en un lieu et fi t émerger la terre. Quoi qu’il en soit, les humains ne tardèrent pas à s’installer sur ses berges. Comme l’explique Christian Kaufmann, l’un des grands spécialistes de la région, les hommes ajoutèrent à ce monde réel des images artifi cielles : sculptures, danses, instruments de musique mais aussi maisons des hommes qui, suivant leurs dires, fl ottent comme un îlot d’herbes sur les places ou les allées cérémonielles. Que ce soit sous forme de fi gures ancestrales, de masques, de poteaux, de mâts ou de fl èches faîtières, sous une forme statique ou mobile, tous ces éléments sont autant de remémorations d’ancêtres fondateurs. Ces derniers, comme le montrent les versions du mythe précité, apparaissent sous de multiples aspects. Ils peuvent être humain ou crocodile, serpent ou cochon, roussette ou oiseau…1 Cette énumération de formes refl ète la variabilité du monde perçu et de sa transcription en images. Elle laisse entrevoir combien le Sepik est un lieu étonnant si ce n’est détonnant. Non seulement parce qu’il abrite sur quelques centaines de kilomètres un nombre surprenant de populations (quelque trente-huit groupes pour la zone couverte par l’exposition) installées depuis plusieurs siècles, mais Musée à la Une S e p i K , FIG. 1 (À GAUCHE) : Figure féminine. Attribuée à la région du bas Sepik ou du Ramu, Papouasie- Nouvelle-Guinée. Bois, fi bres, plumes et coquillage. H. : 50 cm. Musée du quai Branly, inv. 71.1939.127.90. © Musée du quai Branly, photo : Thierry Ollivier, Michael Urtado. FIG. 2 (CI-DESSUS) : Frise de porte-crânes avec tête sculptée. Iatmul, Papouasie- Nouvelle-Guinée. Pétiole de sagoutier, fi bres, rotin et pigments blanc, noir et ocre jaune. L. : 508,5 cm. Acquise en 1963 auprès de Hermann Lissauer (Melbourne) lors de la mission Jean Guiart. Paris, musée du quai Branly, inv. 72.1964.11.9 1-2-3. © Musée du quai Branly, photo : Claude Germain. PAGE DE DROITE FIG. 3 : Planche sculptée. Village de Singarin, Papouasie-Nouvelle-Guinée. Bois, patine noire et pigments. Collectée le 15 octobre 1935 par Monique de Ganay lors de l’expédition de La Korrigane Paris, musée du quai Branly, inv. 70.2010.25.1. © Musée du quai Branly, photo : Claude Germain.


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