Carl Einstein 159 bizarres pour certains, mais constituant un choc esthétique révélateur pour d’autres. Si les réactions en Allemagne furent mitigées, elles furent franchement enthousiastes en France, ce que d’ailleurs, dans les années 1920, Carl Einstein reconnaissait sans ambages ! La multiplication des missions à caractère ethnologique va accroître l’intérêt pour ces oeuvres venues d’Afrique et modifi er le discours les concernant. Si La sculpture nègre avait, en profondeur et de façon irréversible, modifi é le regard des Occidentaux et donné le statut d’art à part entière aux oeuvres extra-occidentales, le livre Afrikanische Plastik (La sculpture africaine) en 1921 apportait une vision plus anthropologique de ces objets. Il connut également un grand succès. FIG. 3 (À GAUCHE) : Siège à caryatide. Luba, R. D. Congo. Reproduit dans Negerplastik, 1915, pl. 77. Ancienne collection Pierre Vérité. (Hôtel Drouot, Collection Vérité, 17 juin 2006, lot n°234). FIG. 4 : Masque. Songye, R. D. Congo. Reproduit dans « À propos de l’Exposition de la Galerie Pigalle », Documents, n° 2, mars 1930, p. 112 et dans « Exotische Kunst », Kunstauktion, n° 9, 2 mars 1930, p. 5. Anciennes collections Béla Hein, Sydney Burney, Roland Penrose. Installé à Paris en 1928, Carl Einstein, théoricien de l’art à l’aura internationale, cofonde la revue Documents qu’il marquera profondément de son empreinte. Il y introduit et développe une « ethnologie de l’art moderne », une problématique des relations-tensions entre art moderne et primitivisme qu’il avait déjà initiée dans son oeuvre majeure L’art du XXe siècle (1926, 1928, 1931). Il fait aussi appel à nombre de spécialistes germaniques : Leo Frobenius, Eckart von Sydow… Ont donc été reprises et présentées ses contributions concernant les arts de l’Afrique ainsi que ses autres textes publiés ailleurs sur ce thème. Tous les textes allemands sont traduits et annotés par nos soins. Toutes les légendes pour La sculpture nègre ainsi que celles, reprises, complétées ou actualisées, pour La sculpture africaine, bibliographies comprises, celles aussi des articles, ont été établies par Jean-Louis Paudrat. Cette édition-hommage s’inscrit dans la continuité de l’intérêt admiratif longtemps porté en France par les derniers contemporains de Carl Einstein comme Daniel-Henry Kahnweiler, Michel Leiris… mais aussi les grands spécialistes d’art africain tel Jean Laude, initiateur des études einsteiniennes au début des années 1970.
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