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79 pour l’occasion, a été épaulé par Lorenz Homberger, Gigi Pezzoli et Claudia Zevi. Tout comme les manifestations citées, la présente exposition revêt un caractère d’anthologie, évoquant de façon assez exhaustive la richesse et la diversité de l’art des populations subsahariennes, et en particulier celles de l’Afrique occidentale et équatoriale. Il est, cependant, une chose qui la distingue : le contexte dans lequel elle survient. En effet, en 2015, les chercheurs, les collectionneurs et les passionnés d’art sont davantage conscients de l’importance de la question des attributions et des différences en matière de qualité des oeuvres ce qui, il convient de l’admettre, a été énormément favorisé par la révolution du marché à laquelle nous avons assisté à partir de l’an 2000. À cela s’ajoute une meilleure capacité d’analyse formelle et de connaissance du contexte historique dont sont issus les chefs-d’oeuvre des maîtres et des ateliers du fait du nombre accru d’informations disponibles. En outre, étant donné les délais de réalisation d’Africa, terra degli Spiriti, qui avaient exclu la possibilité d’obtenir des prêts de la plupart des grands musées européens et américains, les organisateurs, faisant de nécessité vertu, ont donné plus d’espace aux oeuvres des collections privées. Cela a permis d’exposer des pièces inédites ou peu connues de grande qualité, comme une fi gure assise baoulé – possible représentation d’un esprit de la brousse – ou la tête fang collectée in situ avant 1904 par un envoyé du gouverneur du Gabon ou encore une maternité sakalava issue d’une collection privée. Comme toutes les expositions à valeur d’anthologie, l’exposition de Milan ne s’attarde pas sur des typologies ou des cultures particulières, mais présente un peu toutes les pièces à travers lesquelles la créativité des artistes africains s’est exprimée : reliquaires, statues, masques, oliphants, objets en ivoire, instruments de musique, couvre-chefs, appuis-tête, pipes, cuillers, couteaux de jet, épées, piliers de maisons, étriers de poulies, etc. Le parcours de l’exposition s’ouvre dans une grande salle consacrée à la relation entre l’art africain et les avant-gardes du XXe siècle, où sont présentées les pièces les plus importantes de l’exposition, qui dialoguent entre elles et avec les images des ateliers de Picasso, Giacometti et Matisse ainsi qu’avec un long extrait du livre de Paul Guillaume : L’art nègre et les avantgardes du XXe siècle. Ici, le jeu des formes, des volumes, des emprunts et des symboles des oeuvres exposées semble évoquer la forêt de Au coeur des ténèbres ou, mieux encore, les premiers vers du sonnet Correspondances de Baudelaire : « La Nature est un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles ; l’homme y passe à travers des forêts de symboles qui l’observent avec des regards familiers... ». FIG. 4 : Figure de chef. Chokwe, Angola. XIXe siècle. Bois. H. : 35, 5 cm. Museu Nacional de Etnologia, Lisbonne, inv. AA964. © Museo Nacional de Etnologia, Lisbonne, photo : José Pessoa. DGPC/ADF. La terre des esprits


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