Page 153

T76Fr_internet

Max Schmidt la relation entre le chercheur et le sujet étudié, le regard de Schmidt était présent, contribuant à forger la réalité qu’il ambitionnait d’étudier. 151 PAGE DE GAUCHE FIG. 13 : Femme umotina avec son fi let de pêche bukyé. Masepo, 1927-1928. 1910-1911. FIG. 14 : Case paresí. Utiarití, 1927-1928. toria de Asunción et s’établit défi nitivement au Paraguay. Jusqu’en 1946, date à laquelle il démissionne de ses fonctions, Schmidt mène des études ethnologiques et archéologiques auprès des populations de la région du Gran Chaco et des zones culturelles voisines. Aujourd’hui, le musée est connu sous le nom de Museo etnográfi co Andrés Barbero et abrite l’ensemble des négatifs photographiques issus des expéditions ethnographiques de Schmidt. Certaines de ces photos, accompagnées d’autres documents, ont été publiées dans un livre bilingue espagnol-anglais édité par Viggo Mortensen pour Perceval Press et intitulé Hijos de la selva (Enfants de la forêt). Sur fond de textes rédigés par Federico Bossert et Diego Villar, le livre retrace l’histoire de l’ethnographe allemand et comporte une sélection de photographies prises dans les régions du Mato Grosso au Brésil et du Gran Chaco au Paraguay entre 1900 et 1935. Les photos ont été reproduites à partir des négatifs originaux et sont en outre accompagnées, chaque fois que cela était possible, des informations fi gurant sur les fi ches du catalogue photographique du musée, élaborées par Max Schmidt et systématisées ultérieurement par Branislava Susnik, qui succéda à Schmidt à la direction du musée. À la lumière de ces visuels Max Schmidt apparaît comme l’un des précurseurs de la photographie ethnographique en Amérique du Sud. La valeur ethnographique de ses images ne fait aucun doute, car celles-ci montrent l’apparence et les coutumes des populations visitées. Schmidt illustre également le processus de transformation et d’acculturation des populations indigènes généré par la modernisation du pays. En outre, il s’éloigne du regard inquisiteur propre à l’anthropologie physique, avec ses clichés pris de face et de profi l sur fonds neutres, ainsi que du regard colonial. Par ailleurs, il convient de souligner que Schmidt a eu recours à la photographie pour faciliter son intégration parmi les villageois et faire en sorte qu’ils posent pour lui, en leur montrant des photos prises lors d’expéditions antérieures. L’éditeur et les auteurs insistent sur la valeur esthétique des photos, qui traduisent un regard humaniste, empathique, loin de toute réifi cation. C’est bien là le double jeu de l’anthropologie. Comme le disait Bronislaw Malinowski, père de l’anthropologie britannique, l’anthropologue doit se mettre dans la peau de l’indigène, mais doit aussi être capable de prendre du recul afi n de voir les choses avec objectivité. Ce double point de vue est parfaitement illustré par la photo choisie comme quatrième de couverture (fi g. 14) : l’anthropologue est présent sous forme d’ombre projetée sur le sol. Cette image revêt une double signifi cation. D’une part, elle montre que l’anthropologue était là-bas, seul et loin des siens, occupé à observer et consigner les événements. D’autre part, elle signifi e que dans ce jeu complexe qui régit NOTES 1. Bossert, Federico ; Villar, Diego. Hijos de la selva. La fotografía etnográfi ca de Max Schmidt, Perceval Press, Santa Mónica, 2013, p. 4. 2. Texte cité dans la « Préface » de Federico Bossert et Diego Villar au livre, Viggo Mortensen (Ed.) Hijos de la selva, op. cit., p. 14. N.D.É. : Nous tenons à remercier Diego Villar pour nous avoir transmis les clichés nécessaires à la réalisation de ce portfolio dédié à l’excellent ouvrage Hijos de la Selva, ISBN 978- 0-9895616-0-0.


T76Fr_internet
To see the actual publication please follow the link above