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118 5. Succession des sculpteurs du style de Holly Keko, avec les références aux différents objets qui leur ont été attribués par la tradition orale du village de Holly ou qui sont éventuellement de la main d’autres sculpteurs de leur entourage immédiat. Wibrika Palé (± 1800-± 1870), initiateur du style (fi g. 3 statues 2a et 2b, et fi g. 7). Magnuor Palé (± 1830-± 1899), neveu utérin de Wibrika et thíteldárá kõtín du style dit de Holly Keko (fi g. 3 statues 3a-3b- 4 ; fi g. 9, 12, 13, 14, 15 et 24). Gnõkithé Kambou (± 1880-± 1950/55), avant-dernier fi ls de Magnuor (fi g. 3 statue 5, fi g. 20, 21 et 22). Bangité Síb (± 1910-± 1995), fi ls du frère aîné de Magnuor, dernier sculpteur attitré du style au Burkina Faso (fi g. 11). Traditions recueillies entre 1984 et 1990 à Holly auprès de Ontoré Kambou et des anciens du village. En 1989, à Kèkó, auprès du doyen des Palé, à N’kpéion et à Bagara auprès de Bangité Sib et de ses fi ls. BIBLIOGRAPHIE Afrika-Ozeanien. 55. Auktion, catalogue de vente, Munich, galerie Wolfgang Ketterer, 1982. Bognolo, Daniela, « La fi gure de l’ancêtre : mémoire et sacralisation », dans Michèle Fiéloux, Jacques Lombard et Jeanne-Marie Kambou-Ferrand (dir.), Images d’Afrique et Sciences sociales : les pays lobi, birifor et dagara (actes du colloque de Ouagadougou, 10-15 décembre 1990), Paris, Karthala et ORSTOM, 1993, p. 446-457. Bognolo, Daniela, « Djetó ! fais attention ! Le “chemin de la sculpture” chez les Lobi du Burkina Faso », Journal des Africanistes, 67 (1), 1997, p. 123-133. Bognolo, Daniela, Lobi, Milan, 5 Continents Éditions, « Visions d’Afrique », 2007. Bognolo, Daniela, « Die Kunst der Lobi. Afrikanische Meister und ihre Ausdrucksformen », dans Afrikanische Meister - Kunst der Elfenbeinküste, catalogue d’exposition, Museum Rietberg Zurich, Kunst – und Ausstellungshalle der Bundesrepublik Deutschland Bonn, Scheidegger & Spiess, 2014, p. 179-208. Bognolo, Daniela, « Art lobi : les styles et ses maîtres », dans Les Maîtres de la sculpture de Côte d’Ivoire, catalogue d’exposition, musée du quai Branly, Skira Paris, 2014, p. 179-208. Focillon, Henri, Vie des formes, Paris, puf, « Quadrige », 2013 (1re éd. : 1934). Holas, Bohumil, Arts de la Côte d’Ivoire. Les trésors du musée d’Abidjan, catalogue d’exposition, Vevey, Musée des Beaux- Arts, 1969. Holas, Bohumil, Sculptures ivoiriennes, Abidjan, Centre des sciences humaines (CSH), 1969. In Pursuit of Beauty: The Myron Kunin Collection of African Art, catalogue de vente, New York, Sotheby’s, 11 novembre 2014. Klever, Ulrich, Bruckmann’s Handbuch der Afrikanischen Kunst, Munich, Bruckmann, 1975. Lehuard, Raoul, « La collection William Brill », Arts d’Afrique noire, 26, 1978, p. 17-22. Massa, Gabriel, et Laurent, Jean-Claude, Sculptures des Trois Volta, Paris, Éditions Sépia / Société des amateurs de l’art africain, 2001. Meyer, Piet, Kunst und Religion der Lobi, catalogue d’exposition, Museum Rietberg, Zurich, 1981. Oceanic and African Art, catalogue de vente, Paris, Sotheby’s, détails qui témoignent de l’évolution indéniable du style : les nettes saillies de l’olécrane comme des omoplates à l’arrière du dos ont disparu, tandis que celle des clavicules est maintenue. Il est à noter qu’en raison de sa poitrine très allongée, la statue de la collection Brill se rapproche davantage de celles réalisées par Gnõkithé, mais l’aspect fort fuselé du corps et la simplifi cation de certains détails, que l’on retrouve encore bien représentés dans la statue de la collection Miehler, indiquent qu’il s’agirait plutôt d’une oeuvre tardive de ce sculpteur. Deux autres statuettes de facture probablement fort ancienne sont aussi nettement empreintes des caractéristiques du style de Holly Keko. L’une a été présentée aux enchères en 1982 par la galerie Wolfgang Ketterer (fi g. 23), et l’autre, issue de l’ancienne collection Lady Hardwicke, en 1999 par Drouot-Montaigne (fi g. 24)25. Les deux objets présentent un corps érodé et mutilé par le temps, mais l’aspect d’ensemble n’est pas sans rappeler la magistrale statue qui fi gura dans les collections Ginzberg, puis Kunin, réalisée par Magnuor Palé. Toutefois, le jeu équilibré des modelés propre à ce sculpteur perd de son ampleur dans l’allongement des formes corporelles plus typique de la facture de Gnõkithé. Le soin apporté aux détails de la tête de la statuette de l’ancienne collection Hardwicke rappelle la manière de Magnuor, même si d’autres traits s’en éloignent : oreilles percées, arcades sourcilières presque droites, cou plus large et coiffure moins retombante sur la nuque (fi g. 25). En revanche, la simplifi cation de nombreux détails de la statuette présentée à la galerie Ketterer et la perte d’une certaine fl uidité dans les formes incitent davantage à attribuer cet objet à la main d’un sculpteur ayant côtoyé les thíteldárá kõtína du style. De toute façon, il est manifeste qu’un certain nombre de sculpteurs ont emprunté aux canons du style de Holly Keko, mais leurs oeuvres ne jouissent ni de l’austérité émanant des anciennes fi gurations du thílduù des Kou, ni de la puissance dégagée par la fl uidité des formes plastiques porteuses de l’identité culturelle de ce groupe. Cela dit, force est de constater que ces objets, y compris ceux dont l’attribution ou l’authenticité restent douteuses, participent tous à la reconstitution de l’histoire de ce style, nous permettant d’appréhender, par leur étude, les nombreux détails qui président réellement à l’enjeu de ses évolutions formelles au long de son existence, sinon au-delà, dans son inévitable reproduction à des fi ns commerciales. « Un style, a écrit Henri Focillon, c’est un développement, un ensemble cohérent de formes unies par une convenance réciproque, mais dont l’harmonie se cherche, se fait et se défait avec diversité ». FIG. 22 : Effi gie dédiée à la mémoire de Djotir Kambou, fi ls d’Ithé Dá, et réalisée vers 1940 par le sculpteur lobi Gnõkithé Kambou (± 1880-± 1950/55). Photo : Daniela Bognolo, détail fi g. 2. FIG. 23 : Style de Holly Keko. Statue masculine. Bois clair et patine terreuse épaisse. H. : 82 cm. Dessin de l’auteure réalisé à partir de la photo publiée par Yale-Van Rijn Archive of African Art n°0039341 et référencée comme « Munich 1982, courtesy of Galerie Wolfgang Ketterer ». DOSSIER


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