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MUSÉE à la Une LE DÉPARTEMENT DE L’ART DE L’INDO-PACIFIQUE À LA Yale University Art Gallery 102 FIG. 1 (À DROITE) : La Kubler-Thompson Gallery d’art de l’Indo-Pacifique à la Yale University Art Gallery, ouverte en novembre 2012. Cet espace doit son nom à George Kubler et Robert Farris Thompson, deux enseignants de Thomas Jaffe en histoire de l’art à Yale. FIG. 2 (CI-DESSOUS) : Effigie funéraire tau-tau. Sa’dan Toraja, Sulawesi. XVIIe–XVIIIe siècle. Bois. Promesse de don de Thomas Jaffe, Yale University Art Gallery, inv. ILE2012.30.732. Photo : Johan Vipper. En décembre 2012, la Yale University Art Gallery a célébré l’achèvement de travaux majeurs de rénovation et d’expansion de trois bâtiments historiques qui abritent son espace d’exposition consacré aux arts de quatre continents. Cet événement a marqué l’ouverture de la Kubler-Thompson Gallery dédiée à l’art de l’Indo-Pacifique, l’exposition permanente du plus récent département du musée (fig. 1).1 Près de deux ans après son ouverture, la galerie accueille une importante installation temporaire intitulée East of the Wallace Line: Monumental Art from Indonesia and New Guinea présentant certaines oeuvres monumentales du département – sculptures et textiles – trop grandes pour être exposées dans l’exposition permanente. En tant que conservatrice de cette collection, j’aimerais profiter de l’occasion qui m’est ici offerte pour aborder l’histoire et la portée de la collection du département, ainsi que son rôle à la Yale Art Gallery. LA GALERIE D’ART DE YALE ET LE DÉPARTEMENT DE L’ART DE L’INDO-PACIFIQUE La Yale University Art Gallery a vu le jour en 1832 comme musée universitaire voué à l’enseignement de l’art et son histoire. Cela en fait le plus ancien musée en son genre de l’hémisphère ouest. La collection fondatrice provenait du peintre américain John Trumbull, qui avait fait don de plus de cent tableaux illustrant des scènes de la guerre d’indépendance des États-Unis. La collection s’est rapidement étendue au matériel de l’ancien Proche-Orient et de la Méditerranée, aux peintures et à l’art décoratif européens et américains, à l’art et aux artefacts précolombiens et a également accueilli un superbe ensemble d’estampes et de dessins. Les arts d’Asie et du monde islamique sont eux aussi bien représentés aujourd’hui, et la collection de Yale de pièces de monnaie et de médailles a finalement été transférée vers la galerie. Le département d’art moderne et contemporain possède une collection réputée d’oeuvres des XXe et XXIe siècles ainsi qu’une remarquable collection photographique. Un département des arts africains a vu le jour au début des années 2000 et le dernier département à avoir été créé est celui consacré à l’art de l’Indo-Pacifique, dont nous parlons ici. En 2009, j’ai été nommée première conservatrice de ce département, Par Ruth Barnes et j’ai pris mes fonctions en janvier 2010 après avoir travaillé pendant vingt ans à l’Ashmolean Museum d’Oxford. Le nom du département, « art de l’Indo-Pacifique », renvoie à une notion volontairement large : pour l’instant, les objets sont issus des cultures du monde malais, mais la collection inclura également les arts du Pacifique. Thomas Jaffe, diplômé de Yale en 1971, est à l’origine du département. Ses plus beaux souvenirs sont liés aux cours auxquels il assista en ce lieu, où il put développer sa connaissance des objets en les manipulant et en les examinant. Après ses études à Yale, il a travaillé comme journaliste spécialisé dans le reportage d’entreprises. Il a commencé à collectionner des objets d’art non occidental dans les années 1970, s’intéressant d’abord à l’Asie du Sud-Est puis, ces dernières années, à la région du Pacifique. Au début des années 2000, il avait constitué l’une des plus belles collections du genre, comportant de splendides pièces de Bornéo, des Batak de Sumatra du Nord, des Philippines et d’Indonésie orientale, cette dernière englobant le Sulawesi, le Timor, Flores et les Moluques du Sud (fig. 2, 3, 4). C’est à cette époque qu’il a commencé à établir des projets à long terme pour sa collection. Jaffe souhaitait faire don de sa collection à une institution où elle serait accessible aux étudiants, visiteurs, spécialistes et amateurs (au premier et meilleur sens du terme), de sorte qu’elle puisse être étudiée et appréciée. Son choix s’est naturellement porté sur la Yale University Art Gallery. Jaffe s’est rendu compte que sa propre collection, focalisée sur la sculpture, n’était pas suffisamment étendue pour constituer l’unique pilier d’un département voué aux spécificités d’une région. S’il voulait créer un nouveau département consacré au départ au monde malais, il devrait obligatoirement y ajouter bon nombre de textiles. Il ne s’intéressait pas vraiment aux textiles, au contraire de certains de ses amis. Il prit alors contact avec Robert J. (Jeff) Holmgren et Anita Spertus qui, durant les années 1970 et 80, avaient constitué une importante collection de textiles indonésiens, remarquable par son étendue et la constance de sa qualité. En 2002, ils


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