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MUSÉE à la Une 88 FIG. 9 : Bouclier d’archer. Elema, golfe de Papouasie, Papouasie-Nouvelle-Guinée. Avant 1949. Bois et pigments. H. : 90 cm. Acquis à Toussaint en 1949 par le MRAH, Bruxelles. Acquis par le MRAC par échange en 1979, inv. #EO.1979.1.1205. Les boucliers avec un évidement au milieu de la partie supérieure étaient employés par les archers pour se protéger. À l’instar des planches gope, ces objets étaient ornés sur leur face visible de motifs sculptés évoquant les emblèmes du clan du guerrier et devant protéger ce dernier des esprits malveillants. Les grands yeux ronds, et souvent rehaussés de rouge, sont caratéristiques de l’art du golfe de Papouasie. Les yeux injectés de sang sont le signe d'un grand guerrier ou sorcier. sous le nom de Musée royal d’Art et d’Histoire, souvent désigné aussi tout simplement comme « musée du Cinquantenaire » du nom du parc bruxellois l’abritant. À cette époque, la collection ethnographique comprenait des oeuvres issues de toutes les régions du globe, dont l’Amérique du Nord et du Sud, l’Afrique, l’Indonésie et les trois zones du Pacifique : la Mélanésie, la Micronésie et la Polynésie. Pendant ce temps, dans la petite ville de Tervuren située en périphérie de Bruxelles, le musée royal de l’Afrique centrale (également connu comme le « musée africain » ou simplement « Tervuren ») voyait le jour en 1898 au Palais des Colonies, construit un an auparavant par le roi Léopold II pour représenter le Congo à l’Exposition Universelle de Bruxelles. La construction d’une plus grande structure – l’actuel bâtiment – fut entreprise en 1904 et l’édifice fut inauguré officiellement par le roi Albert 1er en 1910 sous le nom de Musée du Congo Belge. Lors de l’indépendance du Congo en 1960, le musée prit son appellation actuelle et son mandat de collection fut élargi : il couvrirait non seulement l’Afrique entière, mais aussi, à la manière du Musée de l’Homme de Paris, d’autres régions du monde non occidental. À mesure que le MRAC se développait – devenant le premier musée national dédié aux colonies et territoires sous tutelle de la Belgique – , il était logique qu’il accueille également les artefacts extra-européens d’autres institutions. Ainsi, dans les années 1960, le Cinquantenaire procéda au transfert d’une partie de son matériel ethnographique vers Tervuren. Il était prévu que le MRAC soit un musée d’anthropologie, tandis que le Cinquantenaire demeurerait un musée d’art et d’histoire. Les paramètres de cette réorganisation n’ont pas été totalement évidents. Les objets africains du Cinquantenaire ne suscitèrent aucun débat et la collection entière intégra Tervuren. Cela ne fut pas le cas de la collection américaine (comprenant essentiellement de l’art précolombien) qui, issue en grande partie de cultures possédant une écriture, fut perçue comme une partie intégrante du noyau des collections du Cinquantenaire, où elle demeura. Les collections de Polynésie et de Micronésie furent également conservées, en raison de l’aspect hiérarchique de leurs sociétés. Dans le cas particulier de la collection de l’île de Pâques, le Cinquantenaire était intimement lié à l’expédition franco-belge Metraux-Lavachery de 1934-35 et fut donc conservée elle aussi. En revanche, les artefacts mélanésiens reçurent leur bon de sortie pour Tervuren car on considéra que les sociétés mélanésiennes étaient moins bien organisées, manquaient de dirigeants héréditaires et ne possédaient pas de système d’écriture traditionnel. Le transfert du matériel africain et mélanésien commença en 1967 et ne s’acheva qu’en 1978. Pour comprendre l’histoire des cinquante-huit oeuvres d’art de Nouvelle-Guinée sélectionnées pour l’exposition, il est nécessaire de connaître les détails de ce contexte complexe. Vingt-quatre d’entre elles proviennent du Cinquantenaire, arrivées pour la plupart en 1967, tandis que les autres furent en majorité acquises plus tard par le MRAC. La collection de Nouvelle-Guinée Comme le démontre clairement son art, la Nouvelle-Guinée est l’un des endroits les plus variés au monde sur le plan culturel. Environ une douzaine d’aires de production artistique – le nombre varie quelque peu selon les appellations utilisées pour les évoquer – sont réparties le long des côtes ou bien regroupées dans diverses régions de l’intérieur des terres. Bien qu’elle ne compte que cinq cent objets environ, la collection de Nouvelle-Guinée de Tervuren illustre parfaitement


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