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Lignes sur l’horizon FIG. 12 : Dessin. Cheyenne (Tsitsitsas), Grandes Plaines. Vers 1880. Crayon de couleur sur papier. 17,8 x 27,9 cm. Don de la famille Thomas W. Weisel aux Fine Arts Museums of San Francisco, 2013.76.128. FIG. 13 : Dessin. Cheyenne (Tsitsitsas), Grandes Plaines. Vers 1880. Crayon de couleur sur papier. 17,8 x 27,9 cm. Don de la famille Thomas W. Weisel aux Fine Arts Museums of San Francisco, 2013.76.131. 107 quées par le plus haut degré de variation et d’innovation du genre, les couvertures de chef de cette troisième période se caractérisent par des motifs de triangles et de losanges disposés en rangées, des motifs adoptés du sarape classique, qui connaissait des développements similaires. En 1870, ces grands motifs à losanges imbriqués n’étaient plus simplement disposés sur les bandes. Ils étaient placés au centre même des couvertures, et les bords et les coins étaient longés par des demis et des quarts de losange. Alors que les plus anciennes couvertures de chef sont particulièrement appréciées par les spécialistes et les collectionneurs pour leur pureté et leur qualité exceptionnelle, ce qui séduit dans les sarape classiques c’est la vitalité et l’innovation de leur décors. Tissés selon une orientation verticale, le sarape et le poncho constituent les deux seules formes de textiles navajo qui ne sont pas d’origine pueblo. Ils sont au contraire issus des traditions espagnoles et mexicaines, notamment du sarape Saltillo nommé d’après la ville de Saltillo dans l’état mexicain de Coahuila, centre du tissage et du commerce du sarape. Au cours du XIXe siècle, le sarape Saltillo, caractérisé par son motif de mosaïque complexe et sa technique de tapisserie exceptionnelle, devint l’un des éléments les plus reconnaissables des tenues masculines au Mexique. Dans les années 1830, il atteignit le Nouveau-Mexique grâce aux réseaux commerciaux. Sa décoration composée d’un grand médaillon central de losanges concentriques sur fond de motifs complexes eut un impact capital sur le tissage navajo. Pendant les cinquante années suivantes, les Navajo réalisèrent toutes sortes de motifs géométriques inspirés des bords dentelés du losange Saltillo. Le sarape Saltillo étant relativement chargé, ils décidèrent d’en extraire des formes géométriques pures, en les isolant et en les agrandissant selon les principes traditionnels navajo de symétrie, d’équilibre et de pureté des motifs. L’impact visuel de ces formes géométriques graphiques disposées sur un fond rouge vif est saisissant. Les Pueblos avaient d’abord utilisé pour leurs broderies des fils effilochés de bayeta et, plus tard, des fils rouges ou de Saxe achetés dans le commerce. Quant aux Navajo, ils incorporèrent des fils rouges aux fonds tissés des couvertures de chef. L’importance accordée à la couleur s’accrut au travers des différentes périodes de production évoquées précédemment. Ceci étant, cela reste dans la période classique du sarape que l’usage des fils rouges aboutit aux résultats les plus forts. Tissés dans la structure, les fils permettaient d’obtenir une couleur éclatante et une surface chargée au contraste élevé, et la finesse du filament favorisaitt la création de formes délimitées avec précision et de nouvelles compositions spatiales. Confiées aux mains des maîtres-tisserands, ces formes et couleurs devinrent les piliers d’un nouveau langage visuel auquel chaque artiste avait recours pour expérimenter et exprimer son savoir-faire (fig. 9). La Thomas W. Weisel Family Collection vient compléter d’autres dons d’objets d’art anciens des Amériques reçus par les Fine Arts Museums of San Francisco, dans lequel s’inscrit le de Young. Ces dons comprennent des oeuvres majeures d’art maya d’Alec et Gail Merriam, la Thomas G. Fowler Collection d’art eskimo et inuit, des céramiques du Sud- Ouest issues de la collection de Paul et Barbara Weiss, de l’art ancien de Méso-Amérique de Lewis K. et Elizabeth M. Land, ainsi que l’ensemble de paniers californiens qui constituent le noyau de la collection du de Young. Lines on the Horizon se présente comme une première réflexion autour de la collection permanente d’art amérindien du de Young et de sa présentation au public dans un musée qui est désormais en mesure d’offrir un panorama complet de l’art amérindien, du cercle arctique au Sud-Ouest américain.


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