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99 scientifique, la diffusion de la foi catholique a joué aussi un rôle important. Les médecins et les missionnaires possédaient les capacités techniques et le statut officiel pour prendre des photos que nous considérerions aujourd’hui comme un signe d’exploitation. Parmi le matériel exposé dans Marchandise et Savoir figurent des études des types raciaux de Bernhard Hagen, qui fut actif comme médecin dans diverses colonies, avant de cofonder en 1904 l’actuel Weltkulturen Museum, ainsi que des photographies des missionnaires Martin Gusinde et Paul Schebesta. Ces photographies de Hagen n’avaient jamais jusqu’à présent fait l’objet d’un traitement scientifique ni d’une présentation publique. Il nous a paru important de le faire, et ce malgré son contenu difficile, aussi bien pour des raisons de cohérence interne du musée que pour l’intérêt que cela pouvait avoir pour le public de soumettre ce travail à discussion. La présentation de ces photos ne veut pas être une perpétuation de la violence et d’un goût pour le sensationnalisme. Elle devrait, au contraire, être comprise comme un exercice de transparence à l’égard du public. Dans Marchandise et Savoir, les photographies sont présentées de manière nouvelle à travers différents médias de manière à permettre des perceptions et des perspectives différentes sur la discipline photographique. Cela donne une explication, qui doit déboucher sur des pistes de réflexion et attirer l’attention sur les problématiques inhérentes à cette pratique. En combinant matériel historique et contemporain, on tente en outre d’interroger de manière critique l’abus passé et actuel concernant les droits d’individus et de sociétés qui sont photographiés et commercialisés. La dernière partie de l’exposition s’occupe du phénomène de l’accumulation d’artefacts et de la nécessité qui s’ensuit de développer des systèmes de gestion des collections. Pour ce faire, des séries d’objets, ainsi que des systèmes de conservation employés dans les réserves sont présentés de façon à ce que les visiteurs puissent jeter un coup d’oeil dans les coulisses du musée. L’approche du Weltkulturen Museum et de l’exposition Marchandise et Savoir en termes de conservation des collections ethnographiques témoigne d’une volonté de créer des points de contact interdisciplinaires. Elle ouvre la voie à une réflexion de fond sur les possibilités de la recherche dans un musée qui est compris comme un modèle d’expérimentation et de création de savoir. Des systèmes de classification antérieurs, reposant sur des notions de typologies culturelles, ethniques, géographiques et fonctionnelles sont interrogés afin de permettre une approche nouvelle et audacieuse qui invite à reconsidérer la classification ethnologique de la collection. Par là, le musée pose les fondations pour une forme d’institution contemporaine ouverte au changement et inclut la subjectivité des divers protagonistes. FiG. 11 : Figure mythique dibariba. Mindam, estuaire du Sepik, Nouvelle-Guinée. Bois, écorce et coquillages. Collectée par Eike Haberland lors de l’expédition au Sepik de 1961. Collection du Weltkulturen Museum. Photo : Wolfgang Günzel, 2013. Weltkulturen Museum


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