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PILAT 2013 153 FIG. 9 (À DROITE) : Statue fémine de la région du Haut-Cavally reproduite p. 109. FIG. 10 (CI-DESSOUS) : Ill. 62, p. 100 montrant la présentation des masques rapportés par le lieutenant Woelffel lors de l’exposition universelle de 1900. FIG. 11 : Cuiller dan reproduite p. 107. Collection Alain Schoffel. passées chez IBM m’ayant permis de me familiariser très tôt avec cet outil. J’étais très heureux de trouver, par exemple, cette photo de terrain de Pobeguin, datée de 1896, montrant une statue baoulé trouvée par Delafosse dont je raconte les étonnantes pérégrinations de Toumodi au musée de Tervuren ! Notre choix a été d’illustrer ce voyage historique à travers les savanes et forêts de Côte d’Ivoire de photos d’oeuvres provenant des différents groupes ethniques rencontrés par nos anciens à chaque étape de leur exploration. Afin de montrer son intérêt constant au cours des décennies pour cette région du golfe de Guinée, la galerie a voulu que toutes les sculptures illustrées, anciennes et d’une grande beauté plastique, soient passées entre les mains d’un membre de la famille Schoffel-Valluet à un moment ou l’autre de leur deuxième vie loin de la Côte d’Ivoire. T. A. M. : Enfin, qu’est-ce que ce retour aux origines de l’histoire de la collecte vous a apporté dans votre compréhension des arts de la Côte d’Ivoire ? B. G. : La réalisation de cet ouvrage a été des plus instructives. J’ai pris un grand plaisir à découvrir les personnalités, souvent attachantes, des premiers Français qui manifestèrent de l’intérêt pour les créations artistiques des peuples qu’ils ont rencontrés. Je me suis amusé à les suivre dans leurs aventures et à partager certains épisodes des plus savoureux, sur le ton léger de la chronique de voyage. Par ailleurs, cette recherche m’a permis de mieux comprendre les modes de circulation des objets – sur le terrain d’abord, puis de Côte d’Ivoire en Europe – et de m’interroger sur le bien-fondé de classifier ces oeuvres selon des critères ethniques trop précis. La lecture de nombreux récits de voyage montre l’importance des migrations ou des incessants mouvements de population dans la région. La consultation des rapports d’administrateurs souligne la difficulté des nouveaux maîtres à regrouper des entités humaines d’une grande diversité au sein de groupes ethniques mieux identifiables et contrôlables. Il en est de même de la culture matérielle rangée dans l’un ou l’autre tiroir ethnique dûment étiqueté alors qu’il serait plus judicieux de la relier à un « centre de style ». Bien malin est celui qui distingue, à coup sûr, une statuette agni de l’Indénié de son homologue lagunaire ou un objet gouro de son proche voisin bété. Les lieux de collecte mentionnés par nos pionniers remettent parfois en cause des idées reçues et tendent à indiquer que, dans ces régions, l’art ne connaît pas de frontières.


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