MUSÉE à la Une Après deux expositions temporaires très orientées vers le grand public, sublimes, certes, mais moins originales dans leur approche – Masques à démasquer (février 2012 - janvier 2013) et Arts de l’Antiquité, une collection centenaire (mars - octobre 2013) –, le musée Barbier-Mueller devait revenir en force pour faire valoir sa place d’institution de référence dans le domaine de l’art tribal. Découvrez les Baga, inaugurée le 17 octobre dernier et à l’affiche jusqu’à la fin mars 2014, peut être vue, dans ce sens, comme une véritable déclaration d’intention. Avec vingt-cinq pièces issues des Baga de Guinée et de peuples voisins, cette présentation est l’aboutissement de quinze années de recherche du docteur en anthropologie David Berliner, qui en assure le commissariat. L’exposition lève le voile sur certaines pratiques culturelles d’une population en mutation, encore partagée entre la tradition et la modernité. FIG. 1 : Masque oiseau. Baga, Nalu, Landuma ou Susu, Guinée. Bois. H. : 61 cm. Musée Barbier-Mueller, inv. 1001-30. Photo : studio Ferrazzini Bouchet. FIG. 2 : Masque facial à deux têtes. Baga, Guinée. Bois. H. : 52 cm. Musée Barbier-Mueller, inv. 1001-10. Photo : studio Ferrazzini Bouchet. FIG. 3 : Siège. Baga, Nalu, Landuma, Susu, Guinée. Bois. H. : 32,5 cm. Ex. Coll. René Rasmussen. Musée Barbier-Mueller, inv. 1001-26. Photo : studio Ferrazzini Bouchet. Si familier, si mystérieux: l’art des Baga de Guinée au musée Barbier-Mueller de Genève Incontestablement une première – aucune exposition monographique sur le sujet n’a été organisée en Europe auparavant –, cette manifestation n’en demeure pas moins exemplaire du type d’initiatives proposées par le musée : résolument esthétiques et autoréflexives. Nul besoin de le rappeler, le musée Barbier-Mueller conçoit ses expositions comme une occasion de s’arrêter sur un pan de sa collection, dans un double souci de mettre en avant la beauté formelle de son patrimoine et de rappeler la singulière histoire de sa constitution. Découvrez les Baga ne fait pas exception. Les masques, statuettes, sièges et tambours qui s’offrent ici à la curiosité du public se caractérisent par leur force visuelle et la modernité de leur construction plastique ; autant de qualités qui valurent à certaines de ces oeuvres de passer entre les mains d’artistes au regard aussi libre que sûr tels Maurice de Vlaminck et André Lhote (fig. 4) ou d’être présentées dans des expositions devenues mythiques comme African Negro Art au MoMA (New York, 1935), avant de retenir l’attention de Josef Mueller et de son gendre Jean Paul Barbier- Mueller, des années plus tard. Par Elena Martínez-Jacquet
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