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Abstractions africaines La collection de Jay T. Last Par Jonathan Fogel PERSONNALITÉ Que vous ayez ou non entendu parler de Jay Last, il est fort probable que le fruit de son esprit inventif se trouve dans votre poche. Son travail chez Fairchild Semiconductor, la plus ancienne société spécialisée dans l’électronique située dans ce que l’on appelle désormais la Silicon Valley, a débouché sur la création de la première puce à circuit intégré, qui, à son tour, donna tout simplement naissance au monde électronique dans lequel nous vivons aujourd’hui. Il est possible que vous ignoriez également que Jay est un fervent collectionneur d’art depuis plus de cinquante ans, une période qu’il juge lui-même plus que surprenante. Au cours de ces décennies, il forma ce qui constitue indéniablement la collection d’art lega la plus complète au monde, qui figure à présent au Fowler Museum de l’université de Californie, à Los Angeles. Son intérêt pour l’art africain va cependant bien plus loin que les Lega, et sa maison du sud de la Californie est un véritable trésor de remarquables sculptures provenant de tout le continent. Le chemin qui mena Jay à l’art africain fut quelque peu tor- FIG. 1 : Jay Last avec sa première acquisition, 2013. Photo : Scott McCue. FIG. 2 : Buste à plusieurs têtes. Lega, R.D. Congo. Ivoire. H. : 14,1 cm. Ex-coll. Charles Ratton, Paris ; Merton Simpson Gallery, New York. Image avec l’aimable autorisation du Fowler Museum de UCLA. Photo de Don Cole, 2001. FIG. 3 : Masque. Peuple lega, R.D. Congo. Début du XXe siècle. Bois, peinture. H. : 26,4 cm. Fowler Museum de UCLA X2007.21.63 ; cadeau de Jay T. Last. Ex-collection privée, Italie ; Marc Leo Felix, Belgique. Image avec l’aimable autorisation du Fowler Museum de UCLA. Photo : Don Cole, 2001. tueux. Il grandit dans l’ouest de la Pennsylvanie dans, selon ses propres termes, « une de ces villes industrielles / minières où, à douze ans environ, on commence à se demander : mais comment vais-je pouvoir sortir d’ici un jour ? » Jay se mit à se poser cette question en regardant une carte d’Afrique qui était accrochée à un mur de sa chambre. Puis, il commença à penser à son départ après avoir obtenu un doctorat en physique au MIT et en devenant l’un des huit scientifiques fondateurs de Fairchild en 1957. Enfin, ses nombreux voyages en Afrique, les années suivantes, l’incitèrent à poursuivre cette voie. En tant qu’étudiant diplômé du MIT au milieu des années 1950, Jay se rendit à New York pour assister à un événement organisé par la Société américaine de physique. Là-bas, il visita le Museum of Modern Art et découvrit l’art pour la première fois. Le modernisme abstrait allait changer le cours de sa vie et il ressentit le besoin d’en savoir davantage. Les livres d’art n’étaient pas aussi nombreux qu’aujourd’hui, mais il trouvait ce qu’il pouvait. L’un deux était Sculpture d’Afrique d’Elisofon et Fagg, et la partie consacrée aux Lega lui sauta littéralement aux yeux. « J’en ai eu le souffle coupé. Je n’avais jamais imaginé que des choses pareilles puissent exister ». Un buste à plusieurs têtes en ivoire de la collection de Charles Ratton figurait parmi les illustrations les plus fascinantes de l’ouvrage. Trente ans plus tard, Jay l’acheta à Mert Simpson. Au milieu des années 1960, se procurer de l’art africain aux États-Unis n’était pas une mince affaire, même s’il existait plusieurs marchands à New York. La première galerie qu’il visita


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