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BORNEO MATS 129 tres encore présentaient une organisation « amorphe » en bandes nomades – aujourd’hui, la plupart d’entre eux se sont installés dans de minuscules hameaux (Sellato, 1994, et Sellato et Sercombe, 2007). Les marchandises manufacturées étaient acheminées depuis la côte par les fleuves principaux, accompagnées des influences religieuses et des techniques indiennes, et plus tard, musulmanes. Les habitants vivant en amont, à leur tour, envoyaient vers les ports les produits très recherchés de la forêt (Peluso, 1983), ainsi que de l’or et, parfois, des esclaves. Certains articles faisant l’objet d’un commerce en amont des fleuves – gongs en laiton ou en bronze, jarres de porcelaine, et perles de verre, par exemple – devinrent d’importants objets sacrés et de famille, des pusaka, chez les populations locales et apparaissent fréquemment dans l’iconographie de leurs traditions de tressage. On trouve également des références aux longues traditions de guerre interculturelle et de chasse aux têtes dans les motifs des tapis décorés, au même titre que des motifs sacrés et invoquant la puissance, souvent issus de concepts religieux Kaharingan. Comme on le verra plus loin, bon nombre de ces représentations sont subtiles et difficiles à identifier. Technique et style Il n’y a pas si longtemps, les peuples de Bornéo créèrent une grande variété d’objets tressés destinés à différents usages. Au sein des communautés relativement isolées de l’intérieur, chaque famille était capable de fabriquer tout le nécessaire à la vie quotidienne, y compris ce dont elle avait besoin pour ses activités. Outre les tapis décorés et tissés, on trouvait des chapeaux de soleil, hottes et paniers de rangement, éventails et quantité d’autres objets, dont une grande partie partage des motifs décoratifs. Ils étaient fabriqués essentiellement pour les besoins locaux – la vie quotidienne, le prestige ou des pratiques En face, de haut en bas : FIG. 6 : Tapis tissé en 1951 par Mirentje Bahoei et évoquant des éléments du mythe de l’origine mihing. Ngaju. Photo: A. H. Klokke. FIG. 7 : Une représentation naturaliste du bateau des âmes, appelé ici banama ruing. Remarquez l’inscription au bas qui est le nom de la tresseuse et la date. Les motifs essentiellement traditionnels sont agrémentés de motifs d’origine occidentale, notamment des ancres et des canons. Ngaju. Village de Lamunti. 1950. 226 x 94 cm. Collection et photo : Roger Dashow. FIG. 10 (en haut) : Tapis tricolore à bandes avec deux grandes figures, une maison des esprits, et plusieurs autres motifs comprenant jarres, gongs et chiens. Ot Danum. 196 x 94 cm. Collection J. B. Spurr. Photo : D. Bonstrom. FIG. 11 (ci-dessus) : Tapis de composition libre avec dragons (nabau) et figures humaines ou divines. « Iban » d’origine incertaine. 294 x 139 cm. Collection J. B. Spurr. Photo : D. Bonstrom. FIG. 8 : Tapis destiné à dormir ou s’asseoir avec des rangées parallèles de motifs qui varient selon la rangée, notamment : buffle d’eau, dragons, poulets, poissons, figures humaines et jarres familiales en céramique, éléments appartenant tous à l’attirail d’un rituel majeur. Probablement Nagaju. 201 x 102 cm. Collection et photo : Mark Johnson. FIG. 9 : Composition libre moderne avec figures humaines masculines et féminines et zones vides comblées par des motifs variés. Partie inférieure du fleuve Baluy, Sarawak. 234 x 132 cm. Collection et photo : MH.


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