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128 des récits mystérieux. Bien que l’on observe des recoupements entre les différents types de tapis, ceux utilisés pour dormir et pour les pratiques rituelles sont généralement les plus élaborés en matière de décoration, et peuvent présenter des motifs sacrés plus fréquemment qu’on ne le pense à première vue. Géographie et société L’île de Bornéo a une superficie immense, couvrant quelque 750 000 kilomètres carrés – soit trois fois la taille du Royaume- Uni, une fois et demie celle de la France et considérablement plus que le Texas. Deux tiers de son territoire forment les cinq provinces indonésiennes de Kalimantan. Le tiers situé au nord est partagé entre les États de Sabah et Sarawak, qui font partie de la Malaisie, et le petit sultanat de Brunei Darussalam, qui tire ses richesses des hydrocarbures. La population de l’île demeure relativement faible – on l’estime à vingt millions – et se répartit de manière inégale, certaines régions montagneuses affichant une densité de moins d’un habitant au kilomètre carré. La géographie de l’île se présente comme une étoile dont les arêtes séparent des bassins fluviaux dont chacun donne naissance à des voies navigables entre les régions montagneuses et la côte. Les régions côtières, ou pesisir, sont habitées par les groupes « Malais », ou Melayu, ainsi que par des colons chinois et bugis. Leurs villes sont ouvertes au commerce international et inter-îles. Les régions montagneuses sont peuplées par des groupes « tribaux » plus isolés, les multiethniques « Dayak », qui depuis longtemps vivent de l’agriculture, principalement de la culture itinérante du riz. Les subtilités de leurs classifications ethniques et linguistiques doivent encore être déterminées définitivement ou fixées, même si des sous-groupes de base sont généralement évoqués. Parmi les plus connus, on trouve les Iban, Kenyah, Kayan, Bahau, Ngaju, Ot Danum, et divers sousgroupes des Punan / Penan traditionnellement nomades. À l’exception de ces derniers, ces peuples vivaient habituellement dans des villages relativement petits, dont l’élément central était la maison longue communale. Les tapis tissés à des fins fonctionnelles étaient destinés à recouvrir les durs planchers de ces maisons, consolidant parfois la structure du sol (Munan et Noël, 2012) ou à sécher le riz. Les exemplaires plus élaborés dont il est question ici étaient typiquement utilisés afin de créer un espace personnel plus confortable. Contrairement à la population côtière indianisée, et plus tard islamisée, ces peuples vivant en amont des rivières ont longtemps conservé leurs modes de subsistance, organisés en chefferies, certains plutôt bien intégrés en tant que communautés vivant près des rivières et d’autres ayant des affiliations disséminées et fluides. Quelques-uns possédaient une structure sociale stratifiée similaire au féodalisme en Occident (Rousseau, 1979, 1990) ; d’autres, une organisation sociale égalitaire, bien qu’extrêmement compétitive (Sutlive, 1978) ; tandis que d’au- DOSSIER


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