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90 Le visage et ses expressions ont, de tout temps, fasciné les hommes à travers l’histoire de l’art du monde entier. Peu connu par rapport à d’autres traditions, l’art précolombien du Pérou compte peu de concurrence si l’on considère l’éclectisme et la splendeur des visages représentés sur les textiles tissés, brodés, peints, ornés de dentelle ou de gaze et de plumes ou de métal, confectionnés selon la technique de l’appliqué. Les talentueux tisserands de la région ont créé par le passé des oeuvres ornées d’une grande variété de visages qui, bien qu’affichant un aspect incontestablement humain (ou divin), étaient souvent agrémentés de motifs composites animaliers ou végétaux, d’où l’emploi de l’expression « visage de type humain » (et non anthropomorphe). La forme de ces images diffère selon les cultures et les thèmes traités. La production phare correspond aux textiles créés entre le premier millénaire avant notre ère et l’an 200 apr. J.-C. et qui furent découverts dans les Paracas Cavernas et Paracas Necropolis sur le site du Cerro Colorado au Pérou, dans l’actuelle province de Pisco (fig. 1). Cette brève analyse propose trois réflexions permettant d’enrichir le débat autour de ces oeuvres d’art remarquables. La première partie est consacrée à plusieurs facteurs essentiels que l’on doit considérer lorsque l’on se penche sur ces visages anciens. La seconde examine la diversité des styles de représentation du visage de type humain dans les textiles péruviens pouvant aller du quasi réalisme au surréalisme absolu, à l’aide de techniques complexes ou, au contraire, d’une simplicité extrême. Enfin, la troisième partie résume succinctement les différents types de composition générale au sein desquels ces visages apparaissent. Réflexions Tout d’abord, soulignons que la notion de réalisme peut revêtir des significations très différentes dans l’art ancien péruvien. Cet écart est très probant si l’on considère, par exemple, les céramiques, réalistes sur le plan anatomique, et les textiles, réalistes sur le plan intellectuel. La fig. 2 illustre un récipient-portrait Moche III datant approximativement de l’année 500 de notre ère, dont l’expression du visage, les lignes, le volume, la perspective, l’équilibre et les proportions du sujet sont tout aussi conformes à l’anatomie que les sculptures classiques de la Grèce ou de la Rome antique. Comme Visages de type humain dans les textiles péruviens précolombiens Par James W. Reid DOSSIER


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