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Musée du Dak Lak Elles étaient posées sur des mâts, dans le cimetière en bordure du village, entourant la palissade délimitant la tombe décorée, chacune accompagnant l’âme jusqu’au grand départ. « Presque tout l’art plastique se trouve là » dira Jacques Dournes. L’exposition permanente dédiée aux populations du Dak Lak se termine par leurs tissages stylés : jupes longues, fourreaux en coton bleu indigo aux liserés de couleurs fraîches, couvertures blanches aux bordures acidulées. De l’autre côté de la plate-forme, un deuxième porche invite le visiteur à se propulser dans l’histoire. Champ de vision inversé. Franchissons-le, il remet les pendules à l’heure. « Des temps anciens au XIXe siècle » : passage fondamental pour mieux comprendre que bien qu’inaccessibles et redoutés, les Hauts Plateaux du Centre ont été, mine de rien, une plaque tournante bien avant notre ère, un lieu de passage et d’échanges khmer et cham alors qu’ils effrayèrent les envahisseurs chinois pendant mille ans et les Kinh des plaines jusqu’au XIXe siècle. Que cette aventure muséographique proposée par le musée du Dak Lak et vivifiée par la France, renforce, à son tour, la notion de lieu de passage historique, géographique, culturel et régional. Je tiens à remercier tout particulièrement Françoise Barrier, Philippe Cournarie, Sabine Didelot, Véronique Dollfus, Jean-François Girault, Bertrand Goy, Andrew Hardy, Christine Hemmet, Patrick Hoarau, Do Phuong Quynh, Dr Luong Thanh Son, Dr Luu Hung, Dr Nguyen Ngoc, Nguyen Tien Thuan, Anne-Valérie Schweyer, Dr To Ngoc Thanh, Tran Van Tackt, Dr Vo Thi Thuong et Luce-Marie Volat. d’une grande force, proches du design, les hottes et les carquois dont la trame cannelée se décline allègrement. Au fond de l’espace dédié aux autochtones des Hauts Plateaux du Centre, le visiteur est à nouveau happé par les impressionnantes photographies du sacrifice du buffle de Georges Condominas. Y sont exposés des parures de buffle, des mâts sculptés de motifs géométriques, des lances de fer extrêmement épais, travaillées par les forgerons sedang. Dans un petit sanctuaire angulaire, évoquant les tombeaux autochtones, se dresse un alignement de statues funéraires en bois peint. Elles adoptent des formes d’animaux, d’objets, mais celles des « pleureuses » sont les plus touchantes. Dernier sanglot contenu de personnages accoudés très graphiquement sur leurs genoux repliés, la mâchoire appuyée sur les paumes, puis abandonnés aux plissements climatiques, provoqués par les moussons et le soleil ardent. Certaines statues funéraires sont plus réconfortantes ou plus érotiques. FIG. 13 (CI-DESSUS) : Hotte pour textiles et parures, Hauts Plateaux du Centre, Vietnam. H. : 65 cm. Collecté en 2002 à Ako Dhong, Buon Ma Thuot. Musée du Dak Lak. Photo © Noï Pictures. FIG. 14 (À GAUCHE) : Hotte d’homme, Sedang, Hauts Plateaux du Centre, Vietnam. H. : 70 cm. Collecté en 2002 à Dak To, Kon Tum. Musée du Dak Lak. Photo © Noï Pictures. FIG. 16 (CI-DESSOUS) : L’art de la parure dans l’exposition permanente, musée du Dak Lak, Buon Ma Thuot. Photo © Christine Hemmet. FIG. 15 (CI-DESSOUS À GAUCHE) : Tombeau des Jörai. Musée d’Ethnographie du Vietnam, Hanoi. Photo © France-Aimée Nguyen Huu Giao.


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