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I-IVCoverF_CoverF Vuvi

DOSSIER LES VUVI, UN PEUPLE MÉCONNU Premiers contacts La première mention des Vuvi revient à l’explorateur Paul Du Chaillu, en 1863, dans son premier ouvrage Voyages et aventures dans l’Afrique équatoriale. Après deux explorations au coeur de la forêt équatoriale, ce voyageur nous fait découvrir 94 l’existence de populations comme les Shira, les Punu, les Tsogo, les Sangu. Il est le premier à noter l’existence d’interférences ethniques témoignant d’une perméabilité entre populations voisines et c’est Remandji, le « roi des Apinji », qui lui nomme certaines tribus dont les « Npovis » (Du Chaillu, 1863, p. 515). En 1890, Jules Berton, chargé d’une mission générale d’inspection des postes et stations du Congo français, entre en relation avec un certain nombre de peuples dont les « Poubis et Ba-Poubis » et affirme : « Je maintiens l’exactitude rigoureuse des différents noms de tribus énumérés. » (1895, p. 215). En 1899-1900, René Avelot, explorateur et officier de cavalerie, qui prit part à une mission dans l’Ogooué, fait référence, dans un article concernant l’histoire des migrations dans le bassin de l’Ogooué et la région littorale adjacente, à la famille Okandé qui comprend « le groupe okandé-apinjiichogo mpovi ». Reprenant ensuite les renseignements recueillis auprès des indigènes par Alfred Marche, il cite les villages des « Ba-pobi » (Avelot, 1905, p. 372-390). L’abbé André Raponda-Walker, premier prêtre gabonais d’origine mpongwé et linguiste éminent, emploie indifféremment les dénominations Poubi ou Pubi, Pobé, Pové et Bavové (le préfixe « Ba » étant la marque du pluriel et la voyelle /u/ supprimée bien souvent). Il les attribue au groupe Okandé avec les Tsogo, les Apindji, les Simba, les Okandé et les Evéia. Déjà, en 1924, dans l’article Les tribus du Gabon, l’existence des Vuvi ou Bapoubi semble avérée depuis longtemps : « Ce sont des gens de l’intérieur – entre la Lolo et son affluent la Wagna – ils semblent être de race différente des Simbas-Kona, peut-être de souche Ishogo ou Ndjavi. » (Raponda-Walker, 1924, p. 79). Dans une note au bas de cette même page, il écrit : « Un autre groupe de Bapoubi se trouve vers les sources de la Ngounié et celles de la Louambitchi, affluent de la Nyanga. » Le gouverneur Hubert Deschamps, qui fut le premier à étudier certains pans de la culture des peuples du Gabon, enquêta auprès des vieillards sur les traditions d’origine. Il écrit en 1962 que le Gabon compte une quarantaine de peuples « ayant un nom distinct, avec le sentiment d’une origine et d’une appartenance communes » et qui étaient divisés en clans (Deschamps, 1962, p. 40). Il affirme que la classification de ces peuples adoptée par les chercheurs se base sur la linguistique. Les Vuvi sont classés dans le groupe central avec les Tsogo, les Apindji, les Shimba et les Okandé. D’après son informateur, « on les désigne généralement sous le nom de Bapoubi ou Bapouvi. Mais leur vrai nom est Pové ». Les Vuvi sont « parents » des Tsogo, des Okandé et des Apindji ; les Masango-Eshira les « ont accompagnés » dans leurs migrations. Ils franchirent l’Ogooué et s’établirent dans la vallée de la Lolo où ils rencontrèrent les Nzabi et s’installèrent au village de Belongo. La tradition rapporte que le premier habitant fut le vieillard, Koulamoutou, et que le deuxième s’appelait Diminou Bounda. Au moment de la pénétration européenne, les Vuvi s’allièrent aux Nzabi et nouèrent des alliances matrimoniales avec les Massango. En 1987, Anselme Moïse Orendo Sossa rédigea Contribution à l’histoire des Pové des origines à 1912, un mémoire de maîtrise d’histoire à Libreville. Dans la première partie, il étudie l’organisation politique, économique et environnementale des Vuvi, puis s’intéresse, dans une deuxième partie, à la vie culturelle et mystique de ce peuple ainsi qu’à ses croyances. Il fait remonter leur origine vers FIG. 3 (CI-DESSUS) : Lettre annotée et signée de Pierre Vérité à Émile Chambon, Paris, 18 février 1936. © Archives de la ville de Genève, 350.C.9. Entre deux statues téké, on reconnaît le dessin du masque de la fig. 4. FIG. 4 (A DROITE) : Masque mokuyi, Vuvi, Gabon. Bois, fibres végétales, cuir, fer, kaolin. H. : 25 cm. Ex. coll. : Pierre Vérité, France ; Émile Chambon, Suisse. Donation Émile Chambon, 1981. © Musée d’ethnographie de Genève, inv. ETHAF 044357. Photo : Johnathan Watts. Publié dans Wastiau et al., 2008, p. 37.


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