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PORTFOLIO John Kenny Voyages subsahariens Photographe indépendant basé à Londres, John Kenny a passé une grande partie de ces dix dernières années à sillonner quelques-unes des régions les plus obscures d’Afrique, capturant de prodigieux portraits d’hommes et de femmes qui vivent encore de manière traditionnelle. 116 Pris au moyen d’un reflex numérique et d’une chambre photographique 8x10, ses portraits envoûtants constituent des documents fascinants qui revêtent une dimension humaniste exceptionnelle, à mi-chemin entre la documentation ethnographique victorienne et la photographie de mode contemporaine. Tribal Art Magazine : Quelle est l’étendue de ce projet ? John Kenny : Ce projet a débuté en 2006. Il m’a emmené dans douze pays d’Afrique subsaharienne et m’a plongé au coeur de centaines de communautés tribales. T. A. M. : Comment pourriez-vous décrire ce que vous avez vécu auprès des gens que vous avez rencontrés ? J. K. : Au cours de mes séjours, j’ai beaucoup appris. J’ai rencontré des gens extraordinaires et j’ai été le témoin privilégié d’une forme d’artisanat tribal unique et d’expressions visuelles saisissantes s’exprimant dans la manière dont les individus choisissent leur tenue. S’il existe de nombreuses similitudes entre les membres d’une même tribu, on observe très souvent des différences intéressantes. Il existe un code visuel fort, grâce auquel il est possible de comprendre certains éléments clés sur le statut d’une personne déterminée, mais chaque être jouit tout de même d’une certaine liberté. Celle-ci peut s’exprimer par le choix d’un tissu, de bijoux ou encore de coiffures. La manière dont chacun va interpréter la signification de sa culture est un phénomène qui me passionne et qui m’a poussé maintes fois à revenir dans ces communautés. J’ai aussi Propos recueillis par Jonathan Fogel noué des liens d’amitié avec certains de ses membres, c’est peut-être ça le plus important, et j’éprouve dès lors souvent le besoin d’y retourner ; peut-être pour partager les photos prises lors de ma dernière visite et comprendre ce que la vie a apporté entre-temps à mes amis et leur famille. T. A. M. : Que cherchez-vous à réaliser à travers ce projet ? J. K. : Je veux que mes photos communiquent ce sentiment d’intimité que l’on ressent en présence de ces individus visuellement spectaculaires. En outre, les commentaires des photos que je rédige lors de mes expositions ont pour but de créer un contexte et d’évoquer certaines problématiques auxquelles ces communautés doivent faire face. Je reste fasciné par la manière dont celles-ci parviennent à survivre dans ces environnements parmi les plus inhospitaliers sur terre, face à la multitude de pressions politiques ou environnementales sans oublier celles liées au développement. T. A. M. : Pourquoi seulement l’Afrique ? J. K. : Lorsque je suis arrivé en Afrique, j’ai trouvé les Africains généreux, extrêmement optimistes et accueillants. Sans le savoir, ils ont été à la base de l’amour profond que j’ai développé pour ce continent et me donnent encore des raisons d’y retourner, plutôt que de me rendre dans d’autres régions toutes aussi riches d’un point de vue culturel. T. A. M. : Parlez-nous de votre style de photographie. J. K. : Dès le début de mon projet africain, après mes premiers contacts avec les communautés tribales, j’ai été littéralement fasciné par le spectacle visuel dont j’étais témoin. J’ai ressenti un besoin irrépressible d’y produire de l’art, mais j’ai également pris conscience de l’énorme défi que représentait la transposition en images de la beauté et de l’extrême intensité de ces gens. Les nombreux portraits FIG. 1 (PAGE SUIVANTE) : Près de Bargi, vallée de l’Omo, Éthiopie. Août 2012. © John Kenny. 7–10 mars 2013 Battersea Art Fair LONDRES 4–7 avril 2013 AAF Fair NEW YORK 13–16 juin 2013 Hampstead Art Fair LONDRES Capital Culture Gallery www.capitalculture.eu et www.john-kenny.com


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