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de beaux objets, Gordon a toujours été maître de sa collection. Cela lui a rendu la tâche plus compliquée qu’elle aurait pu l’être auparavant car il n’avait personne pour lui signaler ce qu’il y avait de disponible sur le marché, ce qui lui aurait été d’autant plus utile qu’il vivait à l’époque à San Francisco et non à New York. Heureusement, il s’est concentré plutôt sur la qualité que sur la quantité. Le nombre total de pièces qu’il possède fait écho au nombre d’années au cours desquelles il a collectionné : il a bien commencé et a brillamment continué. Le souci de documentation de Gordon va au-delà de la recherche de garanties de l’authenticité des oeuvres, même s’il lui reconnaît cette valeur. L’intérêt lui vient du temps passé en Nouvelle-Guinée où il a rencontré des artistes dont les créations renvoyaient tout à la fois à leur contexte indigène et à notre esthétique du XXIe siècle. Il n’a de cesse de s’émerveiller face à la capacité d’artistes n’ayant pas une connaissance théorique des mathématiques de concevoir quelque chose d’aussi complexe formellement qu’une figure malanggan. Il aime savoir le plus précisément possible qui étaient ces artistes et où et quand ils avaient vécu car il s’intéresse surtout aux oeuvres créées avant que le contact avec l’Occident n’ait amoindri la magie de ces traditions artistiques. Même si la collection se marie admirablement bien, il ne la voit en aucun cas comme un ensemble unifié mais plutôt comme une accumulation d’éléments qui sont arrivés jusqu’à lui par les circonstances et les caprices du marché. Au-delà de tout critère esthétique aisément définissable, la caractéristique commune de ces objets est que chacun peut être qualifié, d’une manière ou d’une autre, d’ancien, voire très ancien. L’une des joies qu’il éprouve dans la possession de telles pièces est la recherche minutieuse de leur provenance. Sa profession est assez éprouvante et il vit entre New Haven et New York, mais pendant ses moments libres, il se plait à tirer les fils de l’histoire en quête d’informations sur certains objets. C’est ainsi qu’il a découvert que trois de ses objets de Nouvelle-Guinée apparaissent dans la publication allemande de 1913, Ergebnisse der Südsee-Expedition 1908– 1910, II. Ethnographie: A. Melanesien (et il est heureux d’être la seule personne à avoir trouvé ce livre rare dans la bibliothèque de Yale). Par ailleurs, la récente publication d’Adrienne Kaeppler sur l’Holophusicon a déclenché une série fascinante de recherches sur sa gorgerette tahitienne (la seule connue comme appartenant à un particulier), sujet que nous espérons développer dans un prochain article. En toute logique, Gordon pense que ses objets devraient être mis à la disposition des chercheurs et du public intéressé. Aussi ses pièces apparaissent-elles souvent dans des expositions et des publications. Simple gardien de ces objets, il ne révèle pas de plans quant à leur avenir mais pense qu’ils pourraient rejoindre un jour des collections muséales. PERSONNALITE


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