CARL WILHELM ÖBERG
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FIG. 3 (CI-DESSOUS) : Carte illustrant les îles et les eaux de l’ancien archipel Bismarck allemand où C. W.
Öberg vécut et travailla, en particulier dans la zone marquée en rose.
Meyers Konversations Lexikon 4. Auflg. 1890. Collection privée.
Photo © Thomas Otte Stensager.
FIG. 2 (PAGE DE GAUCHE, À
DROITE) : Coupure de presse
allemande, annotée par
H. Nevermann « 1933 ». La
légende indique : Mort du roi
des mers du Sud. L’explorateur
Karl Wilhelm Öberg, connu
comme le « roi des mers du
Sud », est décédé à l’âge de
soixante-dix-sept ans à Säter,
dans son pays natal, la Suède.
Après être parti à l’aventure
autour du monde, Öberg
s’est installé en Océanie aux
alentours de 1880. Il y gagna
la confiance des indigènes à un
point tel qu’il fut nommé chef
de l’une des îles Tasman et y
régna comme un roi pendant
plus de trente ans. Sa précieuse
collection ethnographique
se trouve au musée de Stora
Skedvi en Suède. – Le regretté
explorateur lisant son journal
de bord.
Collection Loed van Bussel.
Photo © Bart van Bussel.
notre étonnement l’a peut-être été davantage à mesure
que nous percions les secrets de ces articles de
journaux. Mais avant toute chose, un projet aussi
imposant qu’intéressant, fait de recherches, d’enquêtes
et de voyages, nous attendait.
Le présent article a été conçu et organisé par van
Bussel et l’auteur de ces lignes avant le décès inopiné
de ce premier. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une biographie
au sens classique du terme, il retrace notre
découverte de la trajectoire unique de Carl Wilhelm
Öberg, parti en mer à un jeune âge pour finalement
s’établir dans l’archipel Bismarck, ancienne colonie
allemande, loin de sa Suède natale, attiré à la fois
par l’éloignement et les perspectives lucratives qui y
existaient à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.
C’est là qu’Öberg a développé un intérêt durable
pour l’art de la région.
LES COUPURES DE JOURNAUX
Les deux coupures de journaux sont intrigantes,
notamment parce qu’elles ont été soigneusement
préservées par Nevermann, qui les a collées sur du
papier de conservation, notant les années de publication
« Dezbr. 1930 » (fig. 1) et « 1933 » (fig. 2),
avant de les classer dans ses archives personnelles.
Après des études en anthropologie, en langues
orientales et en histoire ancienne, Nevermann obtient
son doctorat en 1924, puis est engagé au Museum für
Völkerkunde de Hambourg. En 1931, il est nommé
conservateur du département Océanie (Südseeabteilung)
du Museum für Völkerkunde de Berlin, tout
en travaillant pour le Museum für Völkerkunde de
Dresde. Les postes qu’il occupe dans trois musées
ethnologiques majeurs de l’époque lui permettent,
d’une part, d’accéder à des informations de qualité
concernant les collections, les objets, les archives et
les autres ressources historiques provenant des colonies
allemandes des mers du Sud et, d’autre part,
d’avoir une certaine connaissance des personnes impliquées
dans la collecte de ces matériaux.
Les activités coloniales allemandes dans les mers
du Sud ont eu lieu entre 1884 et 1914. Bien que