FRAPPER LE FER ET LES ESPRITS
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FIG. 12a et b (CI-DESSUS) :
Lance anthropomorphe nege muso.
Bamana, Mali. Fin XIXe - début XXe siècle.
Fer. H. : 161,4 cm.
Musée du quai Branly-Jacques Chirac, Paris, inv. 70.2000.17.1.
© Musée du quai Branly-Jacques Chirac. Photo : Patrick Gries.
Parmi les forgerons bamana, seuls les artistes les plus compétents et les plus qualifiés
se spécialisaient dans la réalisation de bâtons figuratifs. Faits pour honorer les ancêtres
et les chefs hérauts, ils embellissaient les autels d’associations initiatiques ou étaient
conservés par des responsables avec d’autres objets puissants. D’une extrémité à
l’autre, cette lance anthropomorphe est parsemée de détails méticuleusement forgés
qui reflètent le statut élevé de son propriétaire. La hernie ombilicale du personnage
féminin souligne la fécondité des femmes et leur capacité à donner la vie.
FIG. 13a et b (CI-DESSUS) :
Bâton ọ̀pá Òrìṣà Oko. Yorùbá, Nigeria. XIXe - début XXe siècle.
Fer, bois. H. : 146,5 cm.
Collection privée.
© avec l’aimable autorisation du Fowler Museum à UCLA.
Photo : Don Cole, 2018.
L’imagerie élaborée de ce bâton fait référence au cycle éternel de vie et de mort.
Chez les Yorùbá, un tel objet, appelé ọ̀pá Òrìṣà Oko, honore et incarne Oko, une
divinité associée à la fertilité des cultures et à la nourriture. Sa capacité particulière
à décerner des bénédictions pour la prospérité de la communauté est renforcée par
une incorporation de lames de houe usées, forgées ensemble pour créer l’illusion
d’un « torse » figuratif. L’extraordinaire quantité de travail qu’un forgeron consacre
à façonner et embellir chaque surface d’un ọ̀pá Òrìṣà Oko en accroît l’efficacité.