do-antiracistes pour y empêcher, le lundi 25 mars
2019, la représentation des Suppliantes d’Eschyle,
au motif que des acteurs « blancs » étaient maquillés
pour jouer des personnages « noirs ». Bienvenue
au vingt-et-unième siècle de notre ère ! Tout le propos
de l’oeuvre se voit ainsi écrasé et sali au nom de
convictions, certes fondamentalement respectables,
mais intellectuellement totalement infondées et en
outre par trop mal étayées.
On se souvient que, déjà en 2014, un collectif
avait saisi le tribunal administratif de Paris afi n
de faire suspendre le spectacle Exhibit B, qu’une
ART et loi
Confutatis maledictis,
fl ammis acribus addictis ...
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... ou feu éternel ?
Par Yves-Bernard Debie
chanteuse populaire n’avait pas hésité à comparer
dans une émission française à Mein Kampf. Cette
demande s’était vue, à bon droit, rejetée, autorisant
la poursuite de la performance de Brett Bailey.
Pourtant, ni l’affi rmation du droit par la justice,
ni le soutien de la Ministre de la Culture d’alors, ni
celui de la maire de Paris condamnant toutes « tentatives
d’intimidation ou de censure » n’avaient
pu empêcher l’annulation de représentations au
théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis.
Londres, Berlin et bien d’autres villes européennes
devaient subir le même diktat. Accusées
d’être coupables de blackface ou, lorsque les
acteurs ne sont pas maquillés, de whitewashing
ou colorblindness, des pièces de théâtre sont
annulées ou encore se voient privées de fi nancement
public, comme ce fut le cas au Canada
pour la pièce Kanata, sous la pression de minorités
autochtones, alors même que précisément
cette pièce évoque les persécutions subies par les
Indiens et les Amérindiens, victimes d’un déni de
leur culture…
Les arts plastiques ne sont malheureusement pas
en reste. Faut-il voir dans les 3 km qui séparent
Notre-Dame de l’Assemblée nationale française, le
« Sur le sommet de la galerie la plus
élevée, plus haut que la rosace centrale,
il y avait une grande fl amme qui
montait entre les deux clochers avec
des tourbillons d’étincelles, une grande
fl amme désordonnée et furieuse dont le
vent emportait par moments un lambeau
dans la fumée. »
(Victor Hugo - Notre-Dame de Paris - 1831).
Cette nuit du 15 au 16 avril
2019 aura été endeuillée par l’incendie de la cathédrale
Notre-Dame de Paris. Ce sont ainsi plus de
huit cents ans d’histoire et de culture qui ont été
livrés aux fl ammes par l’imprudence et un manque
cruel de vigilance des responsables d’un chantier
qui était pourtant censés les préserver. Construire
l’avenir, tout en préservant les acquis de notre
passé, dont témoigne l’Art dans ce qu’il a de plus
universel, est un autre chantier, permanent celui-là,
et bien plus complexe.
Partout dans le monde, des militants de la bienpensance
rallument les grands brasiers de la censure
et se proposent d’y jeter des pans entiers de
l’histoire, de la culture et des arts. C’est à nouveau
l’anastasie qui s’installe et se greffe sur la volonté
légitime de purger nos sociétés de maux qui depuis
toujours la gangrènent. Au nom de la nécessaire
lutte contre le racisme, la xénophobie ou
le sexisme, ces ayatollahs de pacotille entendent
contrôler l’expression culturelle et juger de la
conformité de l’art.
Il faut moins de dix minutes pour se rendre à
pied de la cathédrale Notre-Dame de Paris à la
Sorbonne et rien qu’une poignée de militants pseu-