rieur du pays avaient de nouveau été brisées, tous
les chemins avaient été abandonnés, de même que
les avant-postes, à l’exception de celui de Mundame,
que tout le monde avait déserté hormis un agent de
la compagnie Jantzen & Thormählen »15. Zintgraff
pourrait ici faire allusion à Conrau16.
À la fi n de l’année 1893, le chef Garega de Bali
demanda à l’administration allemande un rapport
sur la situation au poste avancé de Baliburg, et c’est
Conrau qui fut chargé de cette mission. Accompagné
par son frère, Conrau retraça l’itinéraire de Zintgraff
de Mundame à Bali en 1894. N’emportant guère
autre chose qu’une boussole et une montre de poche,
les deux frères effectuèrent un relevé de la route qui
serait plus tard utilisée pour dresser la première carte
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à Bali Nyonga ; Conrau en faisait partie. Il semble
avoir passé du temps dans la région Banyang aux
alentours de Miyimbi à maintes reprises. Le lieutenant
allemand Franz Hutter, qui assurait une
formation militaire aux Bali (fi g. 20), l’y rencontra
plusieurs fois14. Après le départ de Zintgraff,
Hutter resta parmi les Bali Nyonga afi n de maintenir
la position allemande sur place, ce qu’il fi t jusqu’à
ce qu’il reçoive l’ordre de fermer le poste avancé
de Baliburg au début de l’année 1893. Deux mois
après la dissolution du poste, Hutter quitta également
les lieux. À la fi n de son livre paru en 1895,
Nord Kamerun (Nord du Cameroun), Zintgraff se
rappelle que « depuis son séjour sur place, les relations
nouées à grand-peine avec les tribus de l’inté-
BANGWA
précise de la région17. Conrau déconseilla l’établissement
d’un nouveau poste à Baliburg, d’une part
parce que les Bali n’étaient pas en bons termes avec
leurs voisins, et d’autre part, parce que Garega, qui
était l’allié de Zintgraff, aurait peut-être un successeur
moins conciliant que lui18. Conrau évalua également
l’arsenal d’armes des Banyang dans le récit
de son expédition. Il mentionna l’esclavage pratiqué
par les peuples de l’intérieur du pays, observant que
« c’était une forme légère d’esclavage, plutôt une
sorte de servitude »19.
Si Conrau exploitait un poste commercial en territoire
banyang et travaillait comme agent colonial, il
semble qu’il ait entretenu des contacts réguliers avec
la côte20. Il tirait également ses revenus de la chasse à
l’éléphant. Il évoque cette activité dans deux articles
distincts21. Il a de toute évidence tenté d’apprivoiser
un éléphanteau qui avait perdu sa mère. Dans une
lettre à Hassert, il fait part de son espoir d’obtenir
l’autorisation de chasser à nouveau l’éléphant,
FIG. 6 (CI-DESSOUS) :
Figure royale commémorative
connue comme le « Roi de
Bangwa ». Lebang, Bangwa,
Cameroun. XIXe siècle.
Bois. H. : 89 cm.
Collectée par Gustav Conrau, 1898-
1899.
Ex-coll. Ethnological Museum,
Staatliche Museen zu Berlin (l’ancien
Königliches Museum für Völkerkunde
zu Berlin), III-C10518 ; Arthur Speyer,
Berlin ; Harry Franklin, Los Angeles.
Collection Marc Ladreit de Lacharrière.
© Christie’s.