Weltmuseum Wien
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d’une demeure seigneuriale Daimyo de l’époque
Edo (1600-1868), qui avait été présentée à l’Exposition
universelle de Vienne en 1873 dans le pavillon
japonais, et qui peut être visitée virtuellement.
D’autres salles s’organisent autour de discours critiques
comme, par exemple, la salle « À l’ombre
du colonialisme » (fi g. 17), qui questionne le passé
colonial et les pratiques de collecte et de représentation
muséale.
Là aussi, le Weltmuseum s’accorde avec les voies
empruntées par d’autres musées d’ethnologie : les
conservateurs souhaitent s’engager dans une pratique
muséographique critique de ces modes d’exposition
et du rôle du musée dans la société.
Une stratégie de « décolonisation » du musée
est la collaboration avec des artistes et chercheurs
en résidence qui interrogent les techniques de collecte,
d’archivage, d’exposition et de représentation.
Ainsi le Weltmuseum a rouvert ses portes
avec deux expositions temporaires : Staying with
trouble de l’artiste américaine Rajkmal Kahlon
composée d’une série d’oeuvres graphiques, fruit
de son séjour de deux mois au Weltmuseum Wien
pendant lequel elle a travaillé sur des documents
historiques du musée et The Master Narrative de
l’artiste autrichienne Lisl Ponger, dont le travail,
infl uencé par la critique institutionnelle, gravite
autour des questions du racisme, des stéréotypes et
de la construction du regard.
Mais ce qui distingue le Weltmuseum de ses
homologues, notamment dans la muséographie,
est le fameux « Wienbezug » (rapport à Vienne)
cher au directeur du musée : l’Autriche n’ayant
pas eu de colonies outre-mer, la question de la
présence de ces objets extra-occidentaux à Vienne
se pose de manière très particulière. Et c’est justement
cette question que les conservateurs ont
décidé de thématiser et de documenter dans chacune
des salles, et qui constitue le fi l rouge de la
collection permanente. En effet, les conservateurs
se sont évertués, et ce pour chaque salle, à expliquer
pourquoi et dans quel contexte historique tel
objet et telle collection se sont retrouvés à Vienne.
Ainsi, proposent-ils une réfl exion approfondie sur
le regard porté sur l’Autre et la relation à l’Autre,
celle de l’Autriche aux sociétés extra-occidentales.
FiG. 18 (Ci-DessOus) :
Vue de la salle « Dans
l’ombre du colonialisme ».